En partenariat avec l'ADEME

De la fabrication d’un smartphone à l’alimentation d’un centre de données, le numérique a un impact négatif croissant sur notre environnement. Pour y remédier, il faut promouvoir la sobriété numérique. L’idée : interroger nos besoins en matière de numérique et raisonner nos usages. Chez vous, cela peut commencer par quelques gestes que nous vous présentons dans ce troisième article de notre dossier spécial « Transition écologique et sobriété » réalisé en partenariat avec l’ADEME, l’Agence de la Transition Écologique. 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le numérique a un fort impact sur notre environnement. Fabriquer nos téléphones, ordinateurs et téléviseurs demande beaucoup de ressources : du plastique, du verre, des métaux dont des terres rares. Transformer les matières et les produire nécessite de l’énergie, souvent de source fossile dans les pays producteurs. Les centres de données, ces serveurs géants qui stockent l’information numérique, consomment énormément d’électricité. Le renouvellement régulier de nos équipements informatiques conduit des montagnes d’appareils à rester inutilisés dans nos tiroirs. Le numérique, qui se développe toujours plus en termes de flux de données et de nouveaux équipements, est donc un sérieux enjeu en matière de transition écologique.

Certes, les équipements numériques sont de plus en plus performants, plus économes en énergie. Mais les progrès rapides en termes d’efficacité énergétique ne régleront pas tous les problèmes. Selon certaines estimations, au rythme où le secteur grandit, on observera un doublement de la consommation d’électricité lié aux données numériques d’ici à 2030. Or, si l’on veut espérer limiter le réchauffement climatique, il faut que tous les secteurs réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre, et le numérique n’échappe pas à la règle ! 

Cela signifie qu’il faut limiter notre consommation numérique, prioriser certains usages pour respecter les limites planétaires, tout en conservant les apports utiles des technologies numériques (limiter nos déplacements, faciliter les échanges, faire circuler l’information, accélérer la recherche) : c’est la sobriété numérique. Alors, comment mettre en œuvre cette sobriété numérique au quotidien ? Voici quelques conseils pratiques à suivre.

Sobriété numérique : bien choisir et entretenir ses appareils 

La fabrication de nos appareils électroniques est très polluante, consommatrice d’énergie et de ressources. La production des terminaux (ordinateurs, smartphones, téléviseurs) représente près de 40% des émissions de gaz à effet de serre du numérique. Par exemple, le processus de fabrication d’un smartphone serait responsable à lui seul d’environ trois quart de son empreinte environnementale. L’extraction des minerais et leur transformation en composants électroniques génèrent des pollutions des eaux, mais aussi des consommations énergétiques, donc des émissions de gaz à effet de serre. La fabrication de nos appareils électroniques pose aussi un problème sanitaire. Les travailleurs des mines et des industries métallurgiques sont, en effet, souvent précaires et mal protégés contre les matériaux potentiellement nocifs qu’ils manipulent. 

Rendre cette fabrication soutenable écologiquement et socialement est une responsabilité collective. Cela passe par renforcer la réglementation, sur la réparabilité et durabilité par exemple, et des efforts de la part des fabricants. Voici, cependant, des gestes que vous pouvez déjà pratiquer individuellement.

1 – Acheter moins d’appareils

Les Français et Françaises changent en moyenne de smartphone tous les deux ans alors que dans 88% des cas, ils sont encore en état de fonctionner. La publicité, l’effet de mode, l’apparition régulière de nouveaux modèles nous poussent à renouveler régulièrement nos appareils. Mais a-t-on vraiment besoin d’un nouveau téléphone aussi régulièrement ? A-t-on vraiment besoin de toutes ces nouvelles fonctionnalités, les nouveaux appareils sont-ils vraiment si utiles que ça ?

Le premier geste de sobriété numérique, c’est de se poser ces questions, et de modérer l’acte d’achat. Si on fait le choix d’acheter, alors on peut aussi choisir un appareil plus adapté à nos besoins quotidiens. A-t-on vraiment besoin d’un écran de télévision géant ou d’un appareil photo de très haute résolution sur son téléphone ? 

2 – Préférer la seconde main 

Lorsqu’acheter un nouvel appareil est indispensable, choisir la seconde main est une option plus économique et écologique, qui contribue à la sobriété numérique. Il existe de plus en plus d’entreprises qui proposent des produits reconditionnés, c’est-à-dire nettoyés, vérifiés et restaurés par des professionnels. Ces produits sont un peu plus chers que les simples appareils d’occasion mais offrent la garantie d’être en bon état et de pouvoir fonctionner encore plusieurs années (garantie minimale de 6 mois pour les biens d’occasion). 

3 – Opter pour un appareil réparable facilement

Fabriquer un nouvel appareil est très polluant. Il faut donc tenter de conserver ces objets le plus longtemps possible. Au cours de la vie d’un appareil, on peut être amené à le réparer. Or, nos appareils sont de moins en moins faits pour cela. Batteries soudées, composants collés entre eux, impossibilité d’ouvrir l’appareil, pièces introuvables : les fabricants offrent des produits encore trop peu réparables. C’est une partie de ce que l’on appelle l’obsolescence programmée. Pour s’y retrouver, on peut se fier à l’indice de réparabilité, instauré par le gouvernement en 2020 dans la loi Antigaspillage pour une économie circulaire. Cet affichage obligatoire à compter de 2021 indique si l’appareil est plus ou moins facilement réparable. Des sites comme iFixit ont aussi évalué la réparabilité des appareils. 

4 – Prendre soin de ses appareils

Dans l’optique de conserver ses appareils le plus longtemps possible, on peut adopter des gestes de bonne utilisation et d’entretien. Ces gestes permettraient d’éviter 40% des pannes des appareils électroniques. Cela passe par protéger son téléphone ou son ordinateur, ne pas les laisser au soleil ou près d’une source de chaleur, conserver le niveau de leur batterie entre 20 et 80%. 

Usage des appareils : adopter la sobriété des usages numériques

Outre la production des appareils numériques, leur usage est aussi source de pollutions, notamment à cause de la transmission et du stockage de nos données numériques. Lorsque l’on fait une recherche Internet, que l’on envoie un mail ou que l’on regarde une vidéo, on génère ou on reçoit des informations numériques qui transitent par les infrastructures réseaux (les antennes, les câbles ou la fibre optique). Les informations sont stockées dans des centres de données, des milliers d’ordinateurs -pour simplifier- qui conservent et traitent nos données et consomment aussi de l’énergie. 

Parmi ces flux de données qui transitent à travers le monde, la vidéo apparaît comme un mastodonte (80% du total). Le visionnage de vidéos en ligne a généré, en 2018, selon le Shift Project, autant de gaz à effet de serre qu’un pays comme l’Espagne. La lecture automatique de vidéos, les suggestions, les vidéos pop-ups sur les sites d’information : tout est fait pour nous pousser à la surconsommation. Le trafic de données numériques, et notamment via la vidéo, est d’ailleurs appelé à augmenter fortement dans les prochaines années. Bien sûr, une partie de la solution doit venir des plateformes et de la réglementation mais voici quelques habitudes que vous pouvez déjà prendre pour limiter l’impact de vos appareils à l’usage. 

5 – Bien paramétrer son appareil 

Le premier réflexe pour limiter l’impact de l’usage de son appareil, c’est de bien le paramétrer. Par exemple, on peut désactiver les options de connectivité (Wi-Fi, Bluetooth, 4G) lorsqu’on ne les utilise pas. Désactiver les applis qui consomment des données en permanence alors qu’on ne s’en sert pas. Limiter par exemple l’usage du GPS si l’on en a pas réellement besoin. Lorsque l’on veut utiliser internet, recourir au réseau Wi-Fi est aussi bien moins énergivore que d’utiliser le réseau 4G. 

6 – Limiter l’usage de la vidéo

Pour réduire la consommation de données liée à l’usage de la vidéo, on peut désactiver la lecture automatique sur les plateformes comme Youtube et Netflix. Cela permet de se poser la question “Ai-je envie d’en voir davantage ?”. Diminuer légèrement la qualité des vidéos visionnées est aussi une bonne façon de limiter leur impact, sans perdre en confort de lecture.

7 – Nettoyer les espaces de stockage

Toutes les données que nous produisons (photos, vidéos, fichiers textes) ont besoin d’être stockées. Lorsqu’elles le sont en ligne, dans le cloud par exemple, elles occupent de la place dans les centres de données qui sont énergivores. Pour réduire l’impact du stockage de ces données, on peut faire le tri dans ses documents, ne garder que l’essentiel, supprimer ses vieux mails (surtout ceux qui ont une pièce jointe) mais surtout ses vieux fichiers photo ou vidéo, ou stocker un maximum de données localement, sur un disque dur par exemple.

Réparation des appareils : comment éviter de jeter ?

Si un appareil tombe en panne ou qu’un élément se casse, il y a de grandes chances qu’il puisse être réparé. Or, les chiffres montrent que bien trop souvent les appareils en panne qui pourraient être réparés sont mis au rebut et remplacés.

8 – Réparer plutôt que remplacer

S’il est souvent difficile de réparer soi-même ses appareils, il est possible de les confier à des professionnels. Si la panne vient d’un défaut du produit, on peut faire jouer la garantie légale de conformité dans les deux ans après l’achat. Si la panne vient d’ailleurs ou si la garantie est expirée, vous pouvez emmener votre appareil chez un réparateur professionnel ou un Repair Café où des réparateurs vous aideront et vous enseigneront comment le réparer.

Fin de vie des appareils : pourquoi recycler au maximum ? 

En France, très peu d’appareils parviennent aux centres de recyclage. On estime, par exemple, que des millions de téléphones mobiles restent au rebut dans nos tiroirs. Or ces objets représentent une manne : s’ils ne peuvent pas être réparés, on peut récupérer une partie des métaux et des minéraux qui les composent. Le recyclage n’offre qu’une réponse partielle aux problèmes environnementaux générés par nos appareils numériques, mais il est utile ! Il reste préférable qu’un appareil qui ne peut plus être utilisé rejoigne une filière de tri et de recyclage pour éviter qu’il ne soit gâché.

9 – Recycler en dernier recours

Vous pouvez apporter votre équipement électronique chez le vendeur qui a l’obligation de le reprendre sous certaines conditions (si vous achetez un nouvel équipement ou si la surface de vente est supérieure à 400m2). Vous pouvez également confier votre appareil à l’un des deux éco-organismes en charge de cette filière de déchets : Eco-Systèmes et Ecologic. Ils ont chacun un réseau de points de collecte, situés dans les magasins ou les déchèteries. 

En fin de comptes, la sobriété numérique est quelque chose vers quoi nous devons tendre collectivement. A l’heure où on ne peut plus se permettre de développer une nouvelle technologie ou un nouvel usage juste “parce qu’on peut le faire”, il faut que la société dans son ensemble s’interroge : est-ce que cette technologie ou cet usage “nous est utile” ? C’est cette notion d’utilité collective qui contrebalance les coûts environnementaux de telle technologie ou usage. 

On peut, par exemple, réaliser cet exercice avec la technologie de la 5G qui est en train d’être déployée en France. Est-ce que son utilité dans tel ou tel cas compense ses impacts environnementaux ? Un déploiement raisonné de la 5G est-il possible ? Si oui, comment ? La sobriété numérique, c’est au fond se poser ces questions et interroger ses besoins. Et dans un monde contraint par des ressources limitées et des limites planétaires en passe d’être franchies, il faudra nécessairement choisir, et peut-être renoncer aux usages qui n’offrent qu’une utilité sociale, culturelle ou économique limitée. Et en matière de numérique, il y aura certainement un long travail de tri à faire !

Voir aussi : La sobriété : essentielle à la transition écologique

Photo de Kilian Seiler sur Unsplash

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