Depuis plusieurs années, les experts en RSE affirment que la responsabilité sociale des grandes entreprises doit se concentrer sur la supply chain. Dans ces grands groupes le poids des fournisseurs et des partenaires est tel qu’il représente la majeure partie de l’impact environnemental de la production. Une bonne raison pour les professionnels du développement durable de se concentrer sur la supply chain.

Mardi 19 mai, Kering, l’un des plus grands groupes mondiaux de l’industrie du luxe annonçait la sortie de son rapport environnemental. L’Environmental Profit and Loss account de Kering a permis au groupe de mesurer l’empreinte environnementale de ses activités, de la production des matières premières jusqu’à la vente.

L’un des points les plus significatifs de ce rapport est un chiffre : 93% des impacts environnementaux des activités de Kering proviennent de sa supply chain. Le groupe a donc mis en place une politique RSE visant directement ses fournisseurs. Grâce à cet effort, PwC estime aujourd’hui que Kering a un impact sur l’environnement 40% inférieur à ce qu’il serait avec une supply chain classique dans le secteur du luxe.

La RSE dans les grandes entreprises doit se concentrer sur la supply chain

L’enseignement est simple à tirer pour les responsables RSE des grands groupes : pour diminuer son impact environnemental, il faut travailler sur sa supply chain et avec ses fournisseurs. Or si l’on en croit l’étude de KPMG « Survey of Corporate Responsibility of Reporting », c’est un domaine qui nécessite des améliorations En effet, si 90% des 250 plus grandes entreprises mondiales effectuent bien un reporting RSE, seule une minorité prend des mesures concrètes pour agir sur sa chaîne d’approvisionnement. Et pour cause, les standards du Global Reporting Index qui servent de base au reporting dans beaucoup d’entreprises n’incluent la supply chain que de façon facultative et limitée. Et comme l’impact environnemental de la supply chain n’est pas toujours mesuré, les actions pour l’améliorer sont faibles.

Pourtant, l’ensemble des secteurs industriels et économiques s’accordent aujourd’hui à dire que la supply chain est la clé pour une politique RSE réellement efficace. Fin 2014, Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement publiait par exemple le rapport « Greening the Building Supply Chain » expliquant qu’ « une supply chain plus verte était la condition nécessaire » pour que le secteur de la construction puisse développer un business model durable. Même constat pour les géants Walmart, Apple, Adidas ou H&M qui voient dans leur supply chain (et notamment la logistique de transport) l’un des facteurs les plus importants de leur politique RSE (voir plus de détails sur le site de l’Environmental Defense Fund).

Collaborer avec ses fournisseurs pour la RSE : une opportunité business durable

La logique derrière ce constat est simple : dans ces grands groupes, une partie très importante de l’activité et de la production est externalisée et confiée soit à des fournisseurs indépendants, soit à des filiales. Agir pour limiter l’impact environnemental de la holding sans prendre en compte ces partenaires équivaut à agir sur 10% de l’activité de ces groupes. L’idée derrière la méthodologie de Kering est donc fondée : si l’on souhaite agir réellement sur son impact, il faut avant tout travailler avec ses fournisseurs.

Et pour diffuser la RSE à ses fournisseurs, la collaboration est la meilleure pratique. Françoise Quairel et Marie-Noëlle Auberger, expertes en management de la RSE sont formelles. C’est le partenariat constructif entre maison-mère et fournisseurs qui permet les améliorations les plus significatives pour l’intégration de la RSE dans les processus de production.

Un tel partenariat peut alors représenter une véritable opportunité de business d’un côté comme de l’autre. Le Forum Economique Mondial, dans son rapport « Beyong Supply Chain : Empowering Value Chains » a fait le calcul. Des entreprises ont amélioré leur revenu de 20% grâce à une politique de RSE visant la supply chain, qui a permis de réduire les coûts et de produire des économies d’échelle.

Outre l’enjeu éthique, les entreprises ont donc tout intérêt à s’engager pour améliorer l’impact social et environnemental de leur supply chain.

Crédit image : Logistics sur Shutterstock

[box]Pour en savoir plus :

Définition de la RSE

Définition et enjeux d’un rapport RSE,

Définition : Scope 1, 2 ou 3 : qu’est-ce que c’est ?

Norme ISO 14083 sur le bilan carbone de la logistique[/box]