La Recette du Bonheur est Danoise

A l’occasion du LH Forum, nous avons rencontré Malene Rydahl, auteur du livre « Heureux comme un Danois, les 10 clés du bonheur ». Dans l’interview ci-dessous, elle vous livre sa vision du bonheur.

 

Comment sait-on que les danois sont heureux ? Y a-t-il un indicateur ?

Depuis deux ans, l’ONU commande le World Happiness Report, devenu depuis une référence. Trois économistes ont travaillé de manière globale et approfondie sur six critères avec des questions complexes. Le croisement des statistiques a permis de classer le Danemark numéro 1 en 2012 et en 2013.

 

Les questions sont à l’appréciation des interrogés. Est ce qu’elles sont fiables ?

Les réponses dépendent du sujet interrogé et de ce fait les résultats peuvent paraître subjectifs. En effet, une grande victoire sportive ou tout simplement la météo peuvent influer sur l’humeur. Cependant, le World Happiness Report est une analyse approfondie grâce à un croisement d’une multitude de données . Ce sont de bons indicateurs quand même.

 

Pouvez vous nous donner les grandes raisons qui expliquent le bonheur des danois ?

Il y a trois piliers principaux.

Le premier est la confiance qui est la plus élevée au monde. Elle se situe d’abord entre les citoyens. Par exemple, vous pouvez prendre vos fruits et légumes à un stand, laisser votre monnaie et partir. Personne ne vous surveille. C’est un point de départ incroyable pour la sérénité des gens. La confiance dans les institutions est également très élevée. 84% des danois ont confiance dans leurs institutions.

L’autre pilier, c’est la liberté de pouvoir réellement choisir sa vie. L’éducation nationale essaye de développer le potentiel et la personnalité de l’enfant pour lui donner une certaine liberté et ne pas le faire rentrer dans des cases.

Enfin, l’indépendance aussi est un élément important. 70% des danois partent à 18 ans de la maison avec 760€ par mois de l’Etat. Cela leur permet de choisir sans pression leur chemin.

 

Quels sont les problèmes qui agitent le Danemark ?

Le Danemark doit faire face à des maux qui touchent également beaucoup de pays développés. La consommation d’alcool chez les jeunes et d’anti dépresseur est élevée.

La majorité des dépressions dans le monde n’est jamais détectée ni traitée et il y a un tabou à reconnaître soi-même qu’on est malade. Il faut donc beaucoup de liberté et de courage pour aller voir un docteur et suivre un traitement. On ne peut faire ça que dans les pays libres. Enfin, un anti-dépresseur n’a jamais rendu quelqu’un heureux.

 

Le Danemark est l’un des pays où le taux d’imposition est le plus proche de la France. Or dans notre pays, on constate un « ras le bol » fiscal tandis que les danois ne sont pas réticents à payer selon vous. Comment expliquez-vous cette différence ?

D’abord, comme je le disais, il y a une forte confiance dans les institutions, mais il y a aussi un sentiment de responsabilité individuelle. Chaque danois se sent individuellement responsable du projet commun. Il n’est pas victime de son propre système. Les gens sont fiers de participer. Même s’il paye un tout petit peu, c’est important.

 

Pourquoi sommes nous moins heureux en France qu’au Danemark ?

Je crois que les français ont plutôt une tendance à se sentir collectivement « malheureux » mais en réalité ils sont assez heureux individuellement. Cela étant dit je pense que la présence d’une « élite » qui sert comme point de référence pour le reste de la population peut faire du mal à l’harmonie d’un pays. Je ne suis pas sûre que cela soit une bonne idée de dire aux élèves des grandes écoles qu’ils sont « la crème de la crème »  de la France. Et les autres, l’entrepreneur qui travaille 20h par jour, les infirmières, les pompiers ? Cela ne veut rien dire en réalité et peut facilement créer un sentiment d’infériorité nuisible. On observe souvent que dans les pays heureux la notion de l’égalité et du respect de l’autre est très présente.

 

Est ce que des éléments du modèle danois peuvent être appliqués en France ?

Les valeurs ne sont pas uniquement danoises. Elles sont humaines. C’est votre choix tous les matins si vous voulez cultiver une société de confiance. A vous d’adopter un comportement de confiance envers les autres, et être quelqu’un à qui on peut faire confiance.

Je vis avec une attitude de confiance dans un pays qui ne l’est pas [la France, ndlr] et ça marche car les gens se sentent impliqués.

 

Avez vous un conseil à donner pour être heureux ?

Commencez par bien vous connaître, trouvez une vocation et choisissez ce que vous voulez faire. Revenir à l’essentiel et trouver sa place dans la société. Il faut se libérer et trouver qui on est.

 

Source image : Flickr, ThomasThomas, licence Creative Commons

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