Publié le 12 décembre 2024
En 2023, la trajectoire carbone des Laboratoires Expanscience a été validée par l’initiative SBTi. Les Laboratoires Expanscience se sont donc fixés des objectifs climatiques alignés avec l’Accord de Paris, selon un cadre méthodologique rigoureux, basé sur la science. Grâce à son expertise, l’initiative est devenue une référence sur les sujets Climat pour de nombreuses entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité. Revenons ensemble sur le fonctionnement de cette démarche et la manière dont les Laboratoires Expanscience se sont engagés dans la décarbonation de leurs activités.
L’initiative SBTi : un cadre scientifique porté par des experts
En réponse à la signature de l’Accord de Paris, l’initiative SBTi (Science Based Targets initiative) a été créé en 2015 par quatre organisations : le Carbon Disclosure Project (CDP), le Pacte mondial des Nations Unies (UN Global Compact), le World Resources Institute (WRI) et le Fonds mondial pour la nature (WWF). Ces organisations sont ainsi représentées au Conseil d’administration de la SBTi, qui est également composé d’autres dirigeants de grandes entreprises engagées dans une transformation de leur modèle d’affaires. La mise en œuvre de la stratégie de la SBTi ainsi que la gestion quotidienne de l’initiative sont confiées à une équipe de Direction exécutive. Les décisions techniques normatives de la SBTi sont supervisées par un Conseil technique, qui agit en tant qu’autorité indépendante pour fournir des évaluations d’experts. Enfin, la validation des objectifs est supervisée par le Conseil de validation de la SBTi, un organe de délibération et de décision indépendant.
Les étapes clés pour valider notre trajectoire carbone
Le processus d’évaluation de la trajectoire carbone d’une entreprise par la SBTi dure entre 6 et 9 mois, avec différentes phases. Dans notre cas, nous avons tout d’abord adressé une lettre d’engagement, signalant notre souhait d’entamer un processus de validation de notre trajectoire.
Dans un second temps, nous avons ensuite partagé avec eux un ensemble de documents, incluant des tableurs Excel et des dossiers Word, qui décrivent en détail notre empreinte carbone actuelle, avec le périmètre de nos émissions (Scopes 1, 2 et 3), nos hypothèses de calcul, nos objectifs de décarbonation (différentes trajectoires plus ou moins ambitieuses sont proposées au sein de l’initiative), et les plans d’action à déployer pour atteindre nos objectifs. Une équipe technique de la SBTi a alors entamé une première évaluation de notre candidature pour vérifier la cohérence globale et la complétude de notre dossier.
Dans un troisième temps, une équipe a mené une analyse approfondie de notre dossier. Cette équipe a examiné les hypothèses formulées lors de la réalisation de notre bilan carbone, l’efficacité de nos calculs d’émissions et la conformité de notre méthodologie aux normes du Greenhouse Gases (GHG) Protocol). Nous avons donc été amenés à répondre à leurs interrogations dans un délai restreint.
Dans un quatrième temps, une fois ces questions traitées et validées, les équipes du SBTi ont validé notre trajectoire. Nous avons donc reçu un mail de confirmation et des documents attestant de cette validation. Parmi nos obligations, nous devions publier dans les six mois les résultats de notre empreinte carbone ainsi que notre trajectoire SBTi. Nous nous engageons également à publier nos émissions de gaz à effet de serre (GES) chaque année, ainsi que notre progression vers nos objectifs SBTi. De son côté, l’organisme publie notre trajectoire carbone et nos objectifs sur son site internet.
Notre trajectoire sera d’ailleurs valable pour une période de cinq ans. D’ici 2028, nous devrons renouveler notre engagement auprès de la SBTi, en tenant compte des mises à jour méthodologiques.
Un engagement collectif et de long terme pour la réduction de nos émissions carbone
Si notre trajectoire carbone a été validée par l’initiative SBTi en 2023, nous sommes engagés dans la réduction de nos émissions de GES depuis de nombreuses années. En 2008, nous avons ainsi réalisé notre premier bilan carbone. L’obtention de la labellisation B Corp en 2018 nous a également incités à nous fixer des objectifs climatiques ambitieux, et à passer par la SBTi pour valider notre trajectoire de décarbonation.
Au sein des Laboratoires Expanscience, toutes les Directions ont été impliquées, notamment celles des achats, de la supply chain, des usines et du packaging. Ces équipes fournissent notamment les données nécessaires au calcul de l’empreinte carbone. Le Comité de direction a également été impliqué aux côtés de notre Direction RSE & Open Innovation pour simuler les différents scénarios proposés par la SBTi. L’équipe RSE, composée de deux personnes, Claire Mathot, Responsable RSE et moi-même, s’est également occupée de la soumission et la gestion du dossier SBTi. Un cabinet de conseil externe nous a également accompagnés dans la rédaction de ce dossier.
La trajectoire SBTi des Laboratoires Expanscience
Participer à l’initiative SBTi nécessite une certaine maturité sur les enjeux climatiques. En effet, l’entreprise qui se lance dans cette démarche doit choisir ses objectifs de décarbonation à court et long termes et décider de prendre (ou non) un engagement vers un état de zéro « émissions nettes ». De notre côté, nous avons choisi la trajectoire SBTi la plus ambitieuse, qui nécessitera de réduire nos émissions au minimum incompressible et d’absorber les émissions restantes via des puits de carbone naturels.
Notre objectif est d’atteindre un état de zéro « émissions nettes » sur l’ensemble de notre chaîne de valeur d’ici 2050. Nous nous engageons donc à réduire les émissions absolues de GES de 35% d’ici 2030 par rapport à l’année de référence 2019, ainsi qu’à réduire nos émissions absolues de GES de 81% d’ici 2050 pour l’ensemble des scopes de l’entreprise.
Nos leviers d’action pour atteindre ces objectifs
Pour atteindre ces objectifs de réduction, nous travaillons avec l’ensemble de notre chaîne de valeur, notamment sur notre scope 3 (qui représente la majeure partie de notre bilan carbone). Nous portons tout d’abord une attention particulière à nos fournisseurs de matières premières afin de soutenir des pratiques agricoles et des matières plus durables.
Nous travaillons aussi sur l’éco-conception de nos produits : via des processus de formulation cosmétique à froid ou encore l’intégration de matériaux recyclés dans nos packagings et la réduction des poids(pour notamment réduire le poids des plastiques dans nos packagings).
Nous réalisons des investissements importants pour renforcer notre efficacité énergétique. Sur notre site industriel de production à Épernon (Eure-et-Loir), nous travaillons notamment à la mise en place des systèmes de récupération de chaleur et de froid, et aux études d’installation d’une chaudière biomasse pour réduire notre consommation de gaz, ce qui nous permettra de décarboner grandement nos scopes 1 et 2. Parallèlement, que ce soit pour notre site d’Epernon ou pour celui situé au Pérou (entité de transformation de matières premières végétales), nous travaillons à l’échelle locale pour développer des projets qui favorisent la résilience climatique des territoires.
De plus, nous intégrons progressivement dans le modèle comptable de l’entreprise davantage les aspects climatiques. Désormais, chaque Direction possède un budget carbone pour ses déplacements professionnels. Nous expérimentons également le “shadow price”, c’est-à-dire un prix fictif de la tonne de carbone pour nos projets industriels majeurs, afin de guider nos décisions d’investissement vers des projets moins émissifs. Aussi, nous évaluons nos produits à la fois sur des critères d’utilité, de performance environnementale et de performance financière. Cela a vocation de nous permettre d’orienter notre stratégie marketing et de développement en intégrant ces différentes dimensions. Ces projets de comptabilité intégrée sont essentiels puisque l’atteinte des objectifs carbone d’une entreprise nécessite une réflexion globale de cette dernière sur son modèle d’affaires.
Nous nous engageons également à réduire l’impact carbone de nos transports via des initiatives comme un budget carbone concernant la logistique, la réduction de l’aérien, le recours à des transporteurs utilisant des carburants moins émissifs et la mise en place de navettes électriques entre les entrepôts logistiques et les ports.
Enfin, nous déployons l’électrification de nos flottes auto en France et souhaitons progressivement l’étendre à nos filiales. Nous expérimentons de nouveaux projets en France comme dans nos filiales qui initient des projets avec des acteurs locaux
Les impacts de la validation SBTi sur notre modèle d’affaires et pour nos collaborateurs
La décarbonation de nos activités nécessite une transformation de notre modèle d’affaires. Cette transformation nécessite des financements. Par exemple pour notreusine d’Epernon, précédemment évoquée, nous planifions des investissements industriels conséquents.
Nos produits doivent également être en phase avec notre raison d’être en tant qu’entreprise à mission. Nous évaluons par exemple notre portefeuille de produits sur la base d’analyses de cycle de vie. Cela peut nous amener à des choix difficiles, tels que la réduction ou l’arrêt de produits qui ne s’inscrivent plus en cohérence avec notre stratégie. Ainsi, nous avons décidé d’arrêter la commercialisation des lingettes jetables de notre marque Mustela d’ici 2027 et d’accompagner nos consommateurs vers des alternatives plus durables.
Du côté de nos collaborateurs, ces derniers ont été ravis et fiers que notre trajectoire carbone ait été validée par l’initiative SBTi. Grâce à cette démarche, nos collaborateurs peuvent davantage se projeter, avec une clarification des différentes actions permettant d’atteindre nos objectifs de décarbonation. Mais ils ont également conscience que rien n’est acquis.
Ils sont sensibilisés et embarqués sur ces sujets RSE, notamment via une culture d’entreprise engagée et une offre de formations sur ces sujets notamment la fresque du climat, qu’a suivi l’ensemble de nos collaborateurs dans le monde. En termes de communication, nous relayons régulièrement nos engagements à travers des newsletters en interne, notre site internet et nos réseaux sociaux, qui permettent également aux collaborateurs de mieux comprendre notre ambition climatique.
Les obstacles à surmonter dans la décarbonation de nos activités
Différents défis sont à relever pour atteindre la trajectoire carbone souhaitée. Tout d’abord, nous devons nous assurer de notre viabilité économique et de notre pérennité, tout en réduisant notre empreinte carbone et en investissant dans notre décarbonation. De plus, la transition vers des pratiques plus vertueuses implique des responsabilités supplémentaires pour nos collaborateurs. Nous devons donc les accompagner dans la transformation de leur métier.
Nous souhaitons également davantage travailler sur notre stratégie d’influence afin d’accompagner nos consommateurs à adopter parfois de nouveaux usages. La collaboration avec des institutions comme l’ADEME et d’autres acteurs de la cosmétique est également essentielle pour que nous puissions transitionner collectivement.
Les points forts de la démarche SBTi
La validation par la SBTi présente plusieurs avantages. Tout d’abord, elle assure une rigueur méthodologique, et garantit la crédibilité des ambitions climatiques des entreprises. Elle permet également d’identifier de potentiels partenaires. En effet, les entreprises dont la trajectoire carbone est validée par la SBTi partagent des engagements communs. Elles ont évalué leur empreinte carbone, se sont fixées des objectifs, ont identifié des leviers de décarbonation, et ont travaillé sur l’évolution de leur modèle d’affaires.
L’initiative de la SBTi permet aussi de rendre nos engagements en matière de décarbonation visibles auprès de toutes nos parties prenantes.
Le secteur pharmaceutique et dermo-cosmétique est particulièrement engagé dans ces démarches. En France, 12 entreprises du secteur “Produits pharmaceutiques, biotechnologie et sciences de la vie” présentent une trajectoire carbone validée par la SBTi. Pour ce même secteur, à l’international, ce chiffre s’élève à 277.
Les perspectives d’évolution de l’initiative
La SBTi est en constante évolution, avec le développement de nouveaux standards sectoriels et l’ajustement continu de ses méthodologies. Si la trajectoire universelle “cross sector” proposée par la SBTi nous convient, nous sommes également attentifs aux futures modifications qui pourraient améliorer notre stratégie de décarbonation. En effet, les orientations sectorielles permettent aux entreprises de se comparer plus précisément et d’évaluer leur avance ou retard. Ces orientations prennent en compte les spécificités de chaque industrie, tels que les niveaux d’émission propres à chaque type d’activité et les leviers de décarbonation disponibles.
La validation de notre trajectoire carbone par l’initiative SBTi est une reconnaissance de nos engagements en matière de climat. Pour contribuer à l’atteinte des objectifs climatiques planétaires, nous menons différents projets : décarbonation de nos transports, promotion des achats responsables, mise en place de processus d’éco-conception, intégration d’indicateur d’impact dans la comptabilité de l’entreprise, déploiement d’actions pour réduire nos consommations énergétiques. Si la SBTi permet de définir une stratégie de décarbonation, une initiative similaire s’intéresse aux sujets liés à la biodiversité : la Science Based Target for Nature. Cette initiative permet d’avoir une vision plus élargie de la durabilité avec des objectifs appliqués à l’ensemble des composantes de la nature (la biodiversité, le climat, l’eau douce, les sols et les océans).