Éco-activités, métiers verts, métiers verdissants, quelles différences ?

Mises en place par l’Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte (Onemev), les notions d’éco-activités, de métiers verts et de métiers verdissants permettent de donner un nom à cette transformation écologique de l’emploi. L’Onemev cherche par ces termes à répondre à une question : est-ce que la société française est prête et apte à engager la transition écologique ?

L’organisme s’applique ainsi à définir et quantifier l’intégration des enjeux de la rupture écologique au sein de l’emploi, dans les formations, dans les compétences professionnelles…

Approfondir : Le comité social et économique (CSE), un levier de la transition écologique ?

Éco-activités, métiers verts, métiers verdissants, pourquoi des termes distincts ?

L’Onemev propose deux approches afin de chiffrer cette transition écologique du monde de l’emploi.

La première approche s’intéresse aux activités de l’entreprise. Lorsque sa production de biens ou de services sert à la protection de l’environnement (gestion des eaux résiduaires, gestion des déchets et autres activités de protection de l’environnement) ou à la gestion durable des ressources naturelles (gestion de l’eau, gestion des ressources énergétiques, agriculture biologique), l’observatoire considère que cela rentre dans les éco-activités. Par cette lecture, la structure étatique estime en 2019 que 610 000 emplois correspondaient à la définition des éco-activités, soit 2,3 % de l’emploi à temps plein en France. Avec une vision élargie de l’emploi vert, l’Onemev nomme « activités périphériques » les entreprises dont les missions agissent en faveur d’une meilleure qualité de l’environnement, sans pour autant que le cœur de leurs activités concerne l’écologie. Elles représentent 1,6% des emplois en 2019, soit 442 000 emplois à temps plein. La gestion des espaces verts ou l’exploitation de moyens de transport plus durable sont deux exemples d’activités périphériques.
En savoir plus : 5 enjeux RSE essentiels mais négligés par les entreprises

En ce qui concerne la deuxième approche, l’Onemev se préoccupe dans ce cas des métiers exercés par les individus. Les métiers verts sont l’ensemble des professions dont la finalité de la tâche et les compétences de l’employé sont en lien direct avec la transformation écologique. Ce sont des emplois dans l’agriculture biologique, dans les matériaux, dans le recyclage, dans l’énergie, qui ont pour but de « mesurer, prévenir, maîtriser, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement ». L’observatoire estime que cela représente 140 000 emplois (0,5% des emplois) en 2018. Dans la même veine que les « activités périphériques », les métiers verdissants discutent de la place des métiers qui ne sont pas directement en lien avec l’écologie. Les métiers verdissants questionnent ces professions qui intègrent « de nouvelles briques de compétences » utiles à la transformation écologique de la société, à l’instar des architectes, des employés du BTP, des responsables logistiques… Ici, l’éventail de métiers concernés est beaucoup plus large et compte près de 3,8 millions d’emplois à temps plein (14%).

Du côté de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe), le résultat est encore différent. Il est estimé qu’en 2019, les emplois au cœur de la transition écologique représentaient pas moins de 360 000 emplois directs, soit 1,3% de l’emploi total.

Des emplois « écolo » difficiles à quantifier

Cette division opérée par l’Onemev et les différences de résultats entre les organismes démontrent toute la complexité de définir ce qu’est un emploi « vert ».

Est-ce qu’un emploi vert s’intéresse à la finalité de la tâche ou à la finalité du secteur ? Quel métier doit être compté ? Quelles sont les limites de l’emploi vert ? Est-il possible de suivre l’apparition des nouveaux métiers de la transition écologique (énergie, gestion, conseil, formation…) ?

Être en mesure de quantifier ce nombre d’emplois verts et de cartographier les acteurs de la transformation écologique est pourtant indispensable. Elle permet de structurer les politiques publiques et d’attribuer judicieusement les financements dans les secteurs les plus importants, ou afin de combler des besoins récurrents de certains milieux professionnels.

Des objectifs d’emplois verts et verdissants pour 2050

La fin de la dépendance aux énergies fossiles oblige une transformation radicale de la grande majorité des secteurs professionnels. Les industries polluantes se transforment ou disparaissent au profit de nouvelles entreprises moins polluantes, moins émettrices de CO2.

Là où certains estimaient que la transition écologique allait être une perte sèche pour l’emploi en France, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) nuance au contraire ce discours. Même s’il est attendu qu’il aura certaines pertes, notamment pour ce qui est des industries des véhicules individuels thermiques, la création de plus d’un million d’emplois en lien direct avec l’écologie est prévue à l’horizon 2050. Des emplois principalement créés par le secteur ferroviaire, de l’énergie, et de la rénovation thermique des bâtiments.

Les énergies fossiles feront place à des énergies renouvelables, les voitures thermiques à des véhicules électriques, le plastique à usage unique à des emballages recyclables, les passoires thermiques à des habitats bien isolés, l’agriculture intensive à une agroécologie… cette rupture verte engage tout un processus de formation et de reconversion des Français actifs dans l’optique d’atteindre les deux objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), à savoir atteindre la neutralité carbone à l’horizon de 2050 et réduire l’empreinte carbone de la consommation des Français.