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Le fil de l’actu
🥕Un Français jette en moyenne 25 kg de nourriture par an, soit un repas par semaine et par personne, selon une étude Too Good To Go. Un coût qui s’élève en moyenne à 157 € /an par ménage.🪶« F*CK LES PLUMES ! » Si Lady Gaga clamait fièrement adorer son « truc en plumes » d’autruches lors de la cérémonie des JO, cela n’a pas été au goût de PETA qui a fait irruption lors du défilé Dior de la Fashion Week à Paris pour dénoncer la maltraitance animale.🐟« Nous devons considérer la pêche comme un privilège et non comme un droit », clament une trentaine de scientifiques. Ils donnent leur définition d’une « réelle durabilité des pêches », dans la revue scientifique npj Ocean Sustainability.👚Shein, le géant chinois de l’ultra fast fashion, s’est offert les services de Günther Oettinger. Problème : c’est un commissaire européen qui a successivement œuvré à l’énergie, à l’économie, au numérique et au budget de 2010 à 2019. Ça tombe à pic au moment où l’UE s’apprête à adopter des réglementations qui pourraient entraver son activité…🎨Deux ans et 20 mois de prison ferme pour avoir jeté de la soupe sur un Van Gogh (sans endommager le tableau). Ce sont les peines prononcées par la justice britannique à l’encontre des deux militantes de Just stop Oil qui avaient réalisé en 2022 le premier d’une série de happening dans les musées pour dénoncer le financement des énergies fossiles. Un poil disproportionné, non ? 🧮Après la vidéo de McFly et Carlito calculant leur empreinte carbone avec Jean Marc Jancovici, plus de 100 000 Français leur ont emboîté le pas sur l’application MyCO2. Et vous, combien de tonnes de CO² émettez-vous chaque année ?🪆Le monde de Barbie est loin d’être fantastique et féministe pour les ouvrières qui fabriquent les poupées Mattel, c’est ce que dénonce un rapport d’Action Aid sur les conditions de travail de l’usine chinoise du groupe qui parle plutôt « d’exploitation à la chaîne ».😬
Bientôt 7 des 9 limites planétaires dépassées
L’acidification des océans est une nouvelle frontière planétaire en passe d’être franchie dans un avenir proche du fait de la hausse des émissions de gaz à effet de serre, selon l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat (PIK). C’est la 7ème sur les 9 recensées par le Stockholm Resilience Center et c’est une très mauvaise nouvelle pour l’environnement car cela affecte très fortement la biodiversité marine et dégrade la capacité de stockage de carbone des océans. Cette information est à mettre au crédit de la nouvelle initiative Planetary Boundaries Science (PBScience) lancée par les deux instituts scientifiques pour mieux suivre l’état de la planète et « guider le développement mondial » en faisant appel à une réflexion pluridisciplinaire. Le premier bulletin de santé de la planète qui en est issu (le Planetary Health Check) dresse un constat alarmant : « Le diagnostic global est que le patient, la planète Terre, est dans un état critique. Six des neuf limites planétaires sont transgressées. Sept processus montrent une tendance à l’augmentation de la pression, de sorte que nous verrons bientôt la majorité des paramètres du bilan de santé planétaire dans la zone à haut risque », souligne l’un des auteurs principaux, Johan Rockström.
Un guide pratique du CJD et Bpifrance Le lab sur la performance globale
Alors que 57% des dirigeants interrogés seulement (73% chez les membres du CJD) estiment qu’il « ne faut pas stopper les actions RSE engagées par son entreprise dès qu’une nouvelle crise apparaît », Bpifrance Le Lab et le CJD publient leur guide pour leur faire comprendre en quoi la performance globale est au contraire un incontournable, y compris (et peut-être même surtout en temps de crise). Issu d’une étude auprès de plus de 900 dirigeants de PME et d’ETI, il propose à ce type d’entreprises des solutions concrètes pour mettre en place et formaliser des mesures destinées à réduire son empreinte environnementale, améliorer le bien-être des collaborateurs et « mesurer sa performance globale, au-delà des profits » avec des témoignages de chefs d’entreprises dans des secteurs variés.
Foodwatch porte plainte contre Nestlé Waters pour tromperie
Nestlé Waters suite. La transaction financière (CJIP) signée pour clore l’affaire sur le traitement illégal des eaux de certaines marques du groupe ne passe pas auprès de Foodwatch qui vient de déposer deux nouvelles plaintes au tribunal de Paris. Celles-ci visent à nouveau Nestlé mais aussi le groupe Sources Alma qui produit Cristaline, l’eau la plus vendue en France. Cette fois avec constitution de partie civile. Elle dénonce plusieurs infractions comme la tromperie de la part de ces groupes. Dans ces deux plaintes, l’ONG souligne aussi « la complaisance de l’Etat » qui « interroge et pose la question de sa responsabilité ».
Plastique : la Californie attaque un pétrolier pour ses campagne trompeuses sur le recyclage
C’est une première. La Californie attaque Exxon Mobil pour sa responsabilité dans la pollution plastique, en grande majorité issue du pétrole. L’Etat américain accuse le pétrolier d’avoir mené pendant des décennies des campagnes « trompeuses » sur le recyclage alors même que celui-ci est loin d’avoir démontré son efficacité et que seulement 5% des déchets plastiques sont recyclés aux USA (9% dans le monde). Cette attaque judiciaire est à replacer dans le contexte d’une montée en puissance des plaintes des Etats américains contre les grandes entreprises en raison de leurs dégâts environnementaux (pollution, émissions de GES…) mais aussi dans celui de la négociation d’un traité international du plastique où les pétroliers font du lobbying pour éviter l’introduction d’un objectif de réduction de la pollution plastique. Alors qu’une rencontre informelle des délégations du traité s’est tenue en ce début de semaine à Nairobi, les Etats-Unis ont annoncé pour la première fois un soutien à un objectif mondial de réduction de la production de plastique.
Le CESE fait ses recommandations pour une IA « frugale »
L’intelligence artificielle peut-elle être durable et au service de la transition écologique malgré son très fort impact environnemental ? Le sujet fait largement débat et c’est donc logiquement que le Conseil économique, social et environnemental s’en est saisi. Parmi ses recommandations : se donner les moyens d’une « IA frugale » en redirigeant le financement de la recherche vers la green IA et l’IA for green, la création d’un IA score pour guider les utilisateurs, la limitation de l’impact des data centers à la fois en termes d’artificialisation des sols en utilisant les friches et en termes énergétiques en intégrant le principe de récupération de la chaleur fatale dans les nouvelles installations. Il propose aussi un événement international sur le sujet, de type COP21 et d’étudier les impacts de l’IA sur la réalisation des ODD.
Filières REP : qui pour gérer les fonds de réemploi ?
C’est un constat « sévère mais juste » que la mission d’inspection relative à l’efficience et à la gouvernance des filières à Responsabilité Elargie des Producteurs (REP) a dressé dans son rapport remis dans l’été. Lancé à la demande de Matignon au début de l’année, celui-ci dresse 10 préconisations pour en améliorer la gouvernance et l’efficience. Réunis en collectif, les 22 éco-organismes viennent de donner leur avis sur le rapport. Ils en saluent la qualité et soutiennent sa proposition phare : la création d’une instance de régulation des filières REP. Mais ils refusent de confier à l’ADEME la gestion des fonds de réemploi et de réparation (une idée motivée par de potentiels conflits d’intérêt pour les producteurs). Les éco-organismes (EO) qui s’occupaient de cette gestion jusqu’à présent estiment dans un communiqué que cela « entraverait toute dynamique en faveur de la réduction des déchets ». Ils déplorent aussi des « sujets d’importance passés sous silence » comme la « fragmentation des flux de matériaux stratégiques (plastique textile) entre les filières » qui nuit à une stratégie performante du recyclage et « la surtransposition de textes européens ou l’absence d’harmonisation ».
Quel avenir pour la réglementation européenne sur la déforestation importée ? *
Alors que le site spécialisé Mongabay annonçait que la mise en œuvre de la réglementation sur la déforestation serai bien effective au 30 décembre 2024, la Commission européenne a finalement décidé de faire marche arrière et demande un report d’un an rapporte l’AFP le 2 octobre. Le 25 septembre, l’UE répondait pourtant à une question de l’Inde, du Paraguay et de l’Equateur lors du comité de l’agriculture de l’OMC que « tout report nécessiterait une modification de la législation. Cela ne nous permettrait pas d’atteindre notre objectif, qui est d’offrir une prévisibilité juridique aux opérateurs dès que possible », y est-il écrit. Pour l’eurodéputé Pascal Canfin, la réglementation est tout à fait tenable. Il en veut pour preuve que « certaines entreprises ont depuis longtemps déjà mis en place les procédures internes pour assurer la traçabilité de leur chaine de valeur, tandis que certains pays ont utilisé la période précédant la mise en œuvre de cette législation pour aligner leur législation avec ses exigences », écrit-il sur LinkedIn. Le report doit encore être validé par le Parlement européen et les Etats membres.
Vers un rebond du marché de la bio ?
Alors que le marché de la bio connaît une grave crise depuis plusieurs mois, Bio Équitable en France note une « reprise encourageante » des ventes dans l’Hexagone. C’est essentiellement le cas dans les magasins spécialisés avec +7,42 % depuis janvier, mais cependant beaucoup moins dans les grandes surfaces. Par ailleurs, l’association s’inquiète de voir de nombreux producteurs et productrices bio « pris en tenaille entre le ralentissement de la production et la baisse des prix en magasin ». Les producteurs de céréales mais aussi les maraîchers et producteurs de fruits sont en plus fortement impactés par le dérèglement climatique qui pèse déjà sur leurs rendements.
Bilan carbone : où en sont les PME ?
65% des PME/TPE qui s’engagent dans la réalisation d’un bilan carbone le font sur leur périmètre d’action élargi (Scope 1,2 et 3), constate une enquête réalisée par l’application de bilan carbone Carbo auprès de 944 petites et moyennes entreprises française qui ont déjà réalisé au moins un bilan carbone au cours des 3 dernières années ((les PME déjà très engagées donc). C’est bon signe car le Scope 3 compte en moyenne pour 98% de leurs émissions carbone. Ce sont les achats et services supports qui sont le plus gros poste d’émissions carbone pour les entreprises (48% pour l’industrie) suivi par les bureaux et sites ( 28% pour les entreprises du conseil et des services). Outre la prise de conscience climatique, les entreprises citent l’amélioration de l’image de marque, l’obtention d’une certification environnementale ou la sensibilisation des collaborateurs comme principales motivations pour s’engager dans la démarche. 63% des entreprises du panel ont déjà commencé à réduire leur intensité carbone. Tant mieux car pour atteindre l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, les entreprises doivent réduire en moyenne de 14% leur intensité carbone économique et sociale chaque année.
Biodiversité : Un nouveau site français labellisé Liste verte de l’UICN
La France est le pays qui compte le plus grand nombre de sites labellisés Liste verte de l’UICN avec 24 sites sur les 77 sites mondiaux de la liste. En septembre, 8 sites français viennent de voir leur label renouvelé et un nouveau site fait son entrée : la Réserve naturelle régionale du Val-Suzon en Bourgogne-Franche-Comté. Cette distinction récompense la qualité de leur gestion du patrimoine naturel. La Liste verte fait partie des indicateurs que les Etats peuvent mobiliser pour renseigner la bonne gestion de leurs aires protégées dans le cadre de l’atteinte de la cible 3 (protection de 30% des terres et mers d’ici 2030 dans le monde) du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. A l’occasion de la remise des labels, la nouvelle ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a effectué sa première sortie d’Etat. Elle en a profité pour assurer « l’engagement du gouvernement pour poursuivre le combat contre l’effondrement de la biodiversité » en insistant sur la nécessité d’une « action forte » pour enrayer ce phénomène. Pas sûr que le discours soit suffisant pour convaincre quand la biodiversité ne dispose plus de secrétaire d’Etat…
Les négociations sur le traité international entreprises & droits humains menacées
Le traité international sur les entreprises et les droits humains en négociation (compliquée) à l’ONU vient de connaître une nouveau coup dur. A moins d’un mois de la 10ème session de négociations, la Présidence équatorienne, en charge du bon déroulé des négociations, a décalé la session du 20 octobre au 16 décembre. Un détail logistique qui « met en péril la participation de la société civile mais aussi et surtout la voix des communautés affectées » car cela bouleverse l’organisation et avant Noël les billets et logement vont fortement augmenter, alerte Clara Alibert, chargée du plaidoyer Régulation des Acteurs Économiques au CCFD-Terre solidaire. Cela montre « l’état des négociations et plus largement du multilatéralisme », précise-t-elle à Youmatter. Ce traité est destiné à lutter contre l’impunité des multinationales en travaillant sur le modèle du devoir de vigilance français.
72% des entreprises dépendent fortement de la biodiversité
La dégradation de la nature a aussi un impact négatif sur l’économie. C’est ce qui ressort de deux notes récentes de la Banque centrale européenne. Dans une note, celle-ci souligne que sur les 4,2 millions d’entreprises (sociétés non financières) de la zone euro, « 72 % dépendent de manière critique des services écosystémiques et seraient confrontées à des problèmes économiques importants en raison de la dégradation des écosystèmes ». Les pertes les plus importantes se produiraient en Allemagne en raison de la forte dépendance de ses principaux secteurs économiques à la biodiversité.Ce sont aussi près de 75 % des prêts de la zone euro qui sont accordés à des entreprises dépendant de manière critique d’au moins un service écosystémique. Un constat qui vient renforcer celui de la Banque de France réalisé en 2021.
Des amendes pour les banques peu transparentes sur la gestion du risque climatique
La Banque centrale européenne a commencé à émettre des avis d’amende aux prêteurs qui ne répondent pas à ses attentes définies en matière de divulgation et de gestion du risque climatique, rapporte Reuters qui cite la responsable du centre de la BCE sur le changement climatique. Ces sanctions étaient dans l’air depuis un moment car certaines banques n’avaient pas respecté les délais impartis concernant l’évaluation de la matérialité notamment. Les amendes dépendront de la taille de la banque et de leurs bénéfices. Pour l’instant il s’agit encore de « menaces » mais les banques « devront payer si elles ne respectent pas les délais fixés pour remédier à la situation », a précisé la BCE.
Le Haut Conseil pour le climat demande au gouvernement une « direction claire et stable »
A l’occasion de la sortie de son rapport annuel grand public, le Haut Conseil pour le Climat presse une nouvelle fois de donner une « direction claire et stable » à l’action climatique en adoptant urgemment les lois et documents de planification dans le domaine de l’énergie et du climat (le troisième plan national d’adaptation au changement climatique, la nouvelle stratégie nationale bas et la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie). Il critique aussi les annulations récentes de crédits (fonds vert, ma prim’ renov’…) ainsi que le maintien des subventions qui « nuisent à la confiance dans la transition climatique ».
Un Pacte pour l’avenir adopté à l’ONU
Le sommet de l’avenir qui s’est tenu la semaine dernière au siège de l’ONU de New York a donné lieu à l’adoption d’un Pacte pour l’avenir. Celui-ci engage les Etats sur plusieurs fronts destiné à opérer « un tournant vers un multilatéralisme plus efficace, plus inclusif et fonctionnant plus en réseaux », selon le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres. Sur le climat, dans la lignée de la COP28, il acte notamment l’abandon des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques et l’accélération des actions pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Sur la coopération, il appelle à donner un nouvel élan aux ODD dont l’atteinte semble compromise pour 2030. Le Pacte est complété par un pacte sur le numérique mondial pour élaborer « une gouvernance éthique de la technologie » et une Déclaration sur les générations futures.
Illustration : Canva
*Ajout le 2 octobre de l’annonce de la commission européenne d’un report de la réglementation sur la déforestation