On connaissait déjà l’Académie du Climat, bien installée désormais dans le paysage parisien pour les événements liés à la transformation écologique et sociale mais depuis la rentrée de nouveaux lieux s’ouvrent plus particulièrement aux entreprises pour les accompagner dans leur bascule, avec du coworking mais aussi des programmations permettant les échanges entre pairs et/ou parties prenantes. On fait les présentations !
La Climate House
Ce lieu de 2 000 m2 vient de prendre ses quartiers au cœur du sentier, à Paris, à la place de l’ancien site de coworking dédié à la tech, Numa. Créé par 80 entrepreneurs (dont Maud Caillaux de Green Got; Féris Barkat de Banlieues Climat, Mamadou Dembele d’Impact Story; Eva Sadoun, de Lita et Rift; Alizée Lozac’hmeur de Makesense; ou encore le dg et fondateur de Youmatter, Pierre-Yves Sanchis) et présidé par la cofondatrice de To Good To Go, Lucie Bash, il a pour ambition « d’accélérer la transition écologique et sociale de notre économie ». Et de faire en sorte que les « architectes de demain », s’inspirent les uns les autres pour dépasser les freins (financiers, de visibilité, technologiques ou réglementaires) auxquels ils sont confrontés pour « maximiser » leur impact.
Comment ? En misant sur « l’énergie collective !« , assure Maïka Nuti, la co-dirigeante du lieu qui va se structurer sur un mode ESUS. Et avec un objectif : « unir des forces diverses pour ouvrir la voie aux solutions audacieuses et transformatrices dont le monde a besoin », espère Greg de Temmerman, directeur adjoint de la Quadrature Climate Foundation qui soutient le projet.
Ouvrir la voie aux « solutions audacieuses »
Une structure de coworking « diversifiée » va ainsi réunir 300 colocataires issus d’une cinquantaine de structures. Ceux-ci ont été sélectionnés parmi de très nombreux candidats pour leur diversité (de taille, de métier, de maturité, de territoire), leur actions sur les 6 thématiques portés par le lieu (biodiversité et océans; agriculture et alimentation durable; énergie; infrastructures responsables; finance responsable; modèle & culture) mais aussi leur capacité à payer un loyer, précise Maïka Nuti. Parmi les colocataires on trouvera notamment des structures engagées comme l’Institut des Futurs Souhaitables, Ashoka ou Omie&Co; des collectifs comme Quota Climat; mais aussi des entreprises en transformation comme LCL, qui va y faire siéger sa direction de l’engagement. Ceux-ci seront placés en « îlots de coopération » autour des 6 thématiques pour favoriser les interactions et l’émulation.
Face à l’afflux de demandes, des entreprises seront également en « nomade » dans le site et d’autres auront un statut de « membres » avec une cotisation annuelle qui leur permettra de participer à une programmation qui se veut riche avec des ateliers, des groupes de travail, etc, en intra ou inter-entreprises. 150 événements sont prévus chaque année dans la logique d’une « impact factory », toujours autour des 6 thématiques. Ils seront co-construits avec l’écosystème de la Climate House, qui compte des partenaires de transformation comme le Mouvement Impact France, La Convention des Entreprises pour le Climat ou l’Université Paris-Saclay.
Le lieu pourra aussi être privatisé, en priorité par les membres et les fondateurs du moins pour le moment, avec à terme, l’idée que les entreprises qui veulent utiliser le lieu se fassent accompagner par les experts de la Climate House et son écosystème. De quoi « garantir » le sérieux de ces évènements en se plaçant comme un « tiers de confiance », souligne Maïka Nuti. Et des accélérateurs pourront voir le jour, à l’image de celui déjà mis en route sur le bâtiment durable.
Terra Academia
C’est une académie d’un nouveau genre qui se déploie à Paris mais aussi à Arras (depuis mars 2024) et Deauville (juillet), avant de s’installer progressivement dans chaque région de France et à l’étranger. Initiée par Véolia avec d’autres entreprises (ManpowerGroup, EDF, Adeo…) et en partenariat avec des institutions académiques, et présidée par l’ancien ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, Terra Academia se veut à la fois une école et un accélérateur de la transformation écologique et sociale pour les jeunes, les personnes en reconversion (seules ou dans le cadre de plan d’entreprise) mais aussi des élus, avec l’idée de fonctionner au plus proche des besoins des territoires.
Via sa formation initiale et continue, Terra Académia entend ainsi former 60 000 personnes et en sensibiliser 100 000 jeunes aux métiers de la transformation écologique d’ici 2030, sachant que ces métiers « verts » de l’industrie notamment (maintenance, ) sont loin d’être attractifs aujourd’hui. L’objectif est, « de faire un diagnostic des compétences et emplois manquants dans les territoires où l’on s’implante et de proposer des formations pour y faire face, en partenariat avec les structures locales et académiques existantes », assure Jean-Michel Blanquer. Au-delà de la formation, c’est aussi la connaissance et la reconnaissance des métiers de la transition qui sont en jeu ainsi que la réindustrialisation décarbonée du territoire dans une perspective de transition juste, soulignent les dirigeants de Terra Academia.
Créer des « effets de synergie »
Son campus parisien de 1 400 m², situé dans le 18ème arrondissement, a ouvert ses portes à la rentrée. Il héberge les locaux de l’école, l’Institut des Hautes Etudes de la transformation écologique auquel est adossé son conseil scientifique (François Gemenne, Françoise Gail, Guillaume Sainteny…) mais aussi des entreprises résidentes (Mylight150 qui vend des solutions d’autoconsommation solaire et de la gestion intelligente de l’énergie; Moulins demain qui veut réhabiliter les 35 000 moulins à eau français ou KFAD Consulting spécialisé dans le recrutement dans les technologies de pointe). De quoi créer un « effet de synergie », selon Jean-Michel Blanquer.
Chacun des campus est pensé comme un lieu de vie et de rencontres avec la possibilité d’organiser des séminaires, ateliers et conseils d’administration pour les entreprises… Une expérience immersive est aussi destinée à faire découvrir les métiers de la ville durable et à les rendre attractifs auprès des jeunes notamment. Des conférences scientifiques, des cycles de conférences prospectives sur les métiers de la transition et des rencontres de l’innovation à impact seront organisés tout au long de l’année. Enfin, un accélérateur est destiné à accompagner les élus et équipes d’intercommunalités pour accélérer la transformation écologique des territoires.
Find climate
On passe cette fois de l’autre côté du périph’, à Nanterre, pour découvrir Find Climate, un lieu inédit en Ile-de-France dédié à l’industrie verte. Il va accueillir des startup, des PME, des ETI ou même des projets de grands groupes pour les accompagner dans leur phase de pré-industrialisation. Une « étape particulièrement longue et dangereuse et dont beaucoup d’entreprises ne se relèvent pas », souligne Sonia Artinian-Fredou, co-fondatrice de Find Climate et fine connaisseuse du secteur.
Objectif : leur donner un lieu pour construire et expérimenter des prototypes voire des petites séries et créer un écosystème ami où des cabinets de solutions d’ingénierie, des investisseurs mais aussi des écoles, laboratoires ou collectivités sont les bienvenus pour créer des coopérations en tous genres, dérisquer l’investissement dans cette étape qui s’apparente à une « vallée de la mort de l’industrialisation » et faire passer les projets à l’échelle. Pour cela, l’idée est de créer des coalitions d’acteurs engagés – publics et privés-, en utilisant « l’intelligence collective » et en « dépassant la logique de filière sectorielle », assure la dirigeante.
Objectif : aider à la réussite de 100 startup industrielles dans les 10 ans
Concrètement, les entreprises vont trouver à Find Climate un terrain de jeu de 3 500 m2, amené à grandir progressivement autour de 10 000 m2 sur 3 étages, dans les anciens quartiers d’un labo de R&D d’Alcatel, rénové aux normes écologiques et thermiques. Elles pourront y installer un matériel industriel, profiter d’une plateforme de livraisons adaptée, expérimenter des usines-containers mais aussi y suivre des ateliers et conférences autour de thématiques liées à leur développement ou aux limites planétaires. « En tant que membre de la Convention des entreprises pour le climat Industrie, nous promouvons une approche de l’entreprise à visée régénérative, sans techno solutionnisme », précise Sonia Artinian-Fredou.
Les entreprises ont été sélectionnées pour leur capacité à trouver des solutions destinées à résoudre les problèmes écologiques et à pouvoir les déployer dans les territoires. Depuis l’ouverture officielle en septembre, plusieurs d’entre-elles se sont déjà installées comme Ecklo qui fabrique des housses réutilisables pour emballer les marchandises sur palettes ou Ever Dye qui a inventé un processus de dépollution pour l’industrie textile. L’objectif est d’atteindre la dizaine d’ici la fin de l’année et une centaine sur les dix prochaines années, sachant que Find Climate table sur des rotations de deux ans environ. Des collaborations sont prévues avec d’autres lieux plus généralistes.
Techstar
Un autre accélérateur s’ouvre un temps aux greentechs dans le quartier du Sentier, dans les locaux de l’accélérateur américain Techstars, rapporte Les Echos. Le Hub accueille start-up, investisseurs, chercheurs et tous ceux qui sont intéressés par le secteur de la tech et du climat dans une perspective de développement international. « L’objectif est de faire grossir l’écosystème greentech. La France est dynamique sur le sujet, mais cela a tendance à rester franco-français », explique Raphaele Leyendecker, directrice générale de Techstars, au quotidien économique. L’accélérateur devrait fermer ses portes à la fin 2024 mais renaître dans l’un des autres pays où l’accélérateur dispose d’un lieu similaire.
La Maison du Développement durable
Toujours à Paris, Le Pacte Mondial-Réseau France (PMFR), ouvre lui aussi un espace dédié à la transition écologique et sociale partagé par plusieurs entités onusiennes dans un esprit « maison ». « L’idée, c’est à la fois de créer des synergies avec la famille des nations unies dont nous accueillons des émanations et d’autres entités qui portent les mêmes valeurs mais qui peuvent avoir une assise différente comme le Comité 21 qui est très tourné vers les territoires. C’est aussi de dire, notamment à nos membres dont 50% sont en région et à notre écosystème plus large : venez à la maison, venez nous rencontrer ! », détaille Nils Pedersen, délégué général du PMFR.
Le lieu doit aussi permettre de « créer une émulation des idées autour du développement durable ainsi que de créer des étincelles et de nouvelles connexions entre les acteurs », ajoute-t-il. Cela devrait notamment passer à travers des conférences, des réunions avec les adhérents, les responsables des différents réseaux européens du Pacte Mondial par exemple (ex: Regional meeting).
Un lieu qui permet de connecter et de fédérer la famille des Nations Unies et son écosystème
Si le PMFR a pris ses quartiers en mai dans cette maison du 17ème arrondissement de Paris pour pouvoir loger son équipe grandissante (25 salariés), les prochains co workers comme le Comité 21 arriveront en novembre et rejoindront ONU femmes France et l’Association française pour les Nations Unies (AFNU). Pour les intéressés, il reste encore 6 places à pourvoir. Des salles sont également disponibles à la location (50/60 places environ), en priorité pour les membres du Pacte mondial et les organisations à but non lucratif qui portent les enjeux de l’Agenda 2030.
Eco-conçue, la Maison est certifiée BREEAM (gestion durable de l’énergie) et Circolab de niveau 4 (impact environnemental réduit grâce à l’utilisation de matériaux durables). Une cohérence indispensable pour Nils Pedersen pour qui il est important « d’incarner dans les lieux ce que le Pacte mondial porte ».
Reste à faire essaimer ce type de lieux dans les différentes régions !
Illustration : The Climate House