D’après le dernier Baromètre de l’Entreprise Responsable, très peu de salariés comprennent vraiment la RSE. Et si c’était la raison pour laquelle il est si difficile de s’y impliquer ? Et si on changeait enfin la donne en devenant pédagogue en matière de RSE ?
On le sait, la RSE est désormais une tendance forte de la stratégie des entreprises. De plus en plus d’entreprises développent une stratégie RSE, se dotent d’un département RSE et d’un reporting RSE (qui est désormais obligatoire pour les grandes entreprises depuis les Lois Grenelle). Avec l’émergence des problématiques environnementales et sociales, la RSE devient de plus en plus tendance ! En effet, les consommateurs semblent attendre des entreprises qu’elles s’engagent sur les sujets de protection de l’environnement et sur les problématiques sociales. Récemment, l’Harvard Business Review publiait même une étude révélant que les meilleurs patrons du monde misaient sur la RSE.
Mais malgré cet engouement, la RSE reste un concept flou ! Comme le révèlent plusieurs études récentes, la plupart des professionnels ont encore du mal à saisir ce qu’est la RSE, à comprendre quels en sont les enjeux et les implications, à en mesurer l’intérêt stratégique. Et de ce fait, la RSE n’a pas encore pris toute sa place dans la vie des entreprises. Retour sur quelques chiffres de ces études et sur les enseignements que l’on peut en tirer.
[box]Pour aller plus loin :
La RSE : un concept encore flou pour beaucoup de salariés
C’est le 2ème Baromètre dédié à la RSE « L’entreprise responsable : ce sont les salariés qui en parlent le mieux » (publié par ekodev, Des Enjeux et des Hommes et Viavoice), qui le révèle : la RSE est encore un concept flou, dont les définitions et l’utilité sont encore mal connues des professionnels. Dans le baromètre, on apprend notamment que 66% des sondés (1003 salariés d’entreprises françaises de plus de 250 employés interrogés en août 2016) ne savent pas donner une définition de la RSE. Parmi les 34% qui se prononcent sur cette question, ils ne sont que 3% à avoir une vision globale de la RSE, incluant les dimensions environnementales, sociales et économiques.
À cause de cette méconnaissance de la RSE, la plupart des salariés et des professionnels n’ont pas conscience qu’elle est un vrai enjeu stratégique. Ils ne sont que 20% à voir un lien entre RSE et performance globale de l’entreprise. 57% des salariés considèrent même que la RSE dans leur entreprise est « au mieux anecdotique », 19% qu’elle n’est qu’un « concept à la mode », et 9% qu’elle est une « notion abstraite sans lien avec les métiers ».
Résultat ? À peine la moitié des salariés disent adhérer à la stratégie RSE de leur entreprise ! Ce manque d’engagement et d’implication dans la RSE de la part des salariés pose évidemment problème : on sait que l’engagement des salariés dans la RSE est un vecteur indispensable de son efficacité ! D’après le Baromètre de la RSE de Malakoff Médéric, les employés sont même les premières parties-prenantes de la stratégie RSE d’une entreprise.
Par manque d’engagement et de pédagogie, la RSE ne va pas assez loin
La conséquence (sans doute) de ce flou autour de la RSE, c’est qu’elle n’est pas encore perçue comme une dimension à part entière du travail des entreprises. Pour près de 47% des salariés, la RSE n’est qu’un outil de conformité réglementaire. Au mieux (pour 52% d’entre eux), la RSE est perçue comme un outil de communication ou de reporting. Moins de la moitié des salariés comprennent comment la RSE peut s’intégrer dans les process de leur entreprise, et à peine 38% voient la RSE comme un enjeu stratégique !
Difficile dans ces conditions de mettre en place une stratégie RSE englobante, intégrante, capable de transcender les « silos » de l’entreprise, de dégager une stratégie globale cohérente. Pour cela, il faudrait que les salariés soient mieux informés des enjeux de la RSE, qu’ils soient formés à sa mise en place, qu’ils soient incités à y participer. Malheureusement, c’est encore trop peu le cas. Le Baromètre de l’an dernier révélait pourtant que les salariés aimeraient mieux connaître les stratégie RSE de leur entreprise et mieux y participer. Pourtant, moins de 50% des salariés estiment que la RSE a un impact sur leur métier au quotidien (que ce soit en terme de modification des pratiques et des comportements, ou de stimulation de l’innovation). 67% des salariés se disent « peu ou pas impliqués dans la RSE de leur entreprise ».
La raison de ce schisme persistant ? Sans doute un décalage entre les attentes et besoins des salariés et la façon dont les entreprises développent leur RSE en interne. Selon l’étude, les entreprises engagent leurs salariés sur la RSE par différents moyens, notamment de la communication descendantes (intranet, journal interne, affichage) et des consultations (boîtes à idées par exemple). Or ce que les salariés réclament le plus ce sont des formations adaptées à chaque métier (37%) afin d’intégrer la RSE à leur coeur de métier et des actions de sensibilisation concrètes sur les enjeux de la RSE (32%).
Comment mieux impliquer les salariés dans la RSE : formation, pédagogie, explications
Les salariés estiment d’ailleurs que ce qui les ferait plus s’impliquer dans la RSE, c’est de « mieux comprendre ce qu’est la RSE » (38% d’entre eux), d’avoir une vraie formation RSE (31%), mais aussi plus d’informations sur le lien entre la RSE et leur métier (27%). Cela montre bien que ce n’est pas un manque de motivation et de volonté qui affaiblit la RSE dans les entreprises, mais bien un manque d’information, de formation et de sensibilisation. C’est donc un manque de pédagogie en général. 35% des salariés estiment que c’est informer davantage et mieux, expliquer le contenu concret d’une démarche RSE qui est le facteur clef de succès de l’implication des salariés (suivi de la formation métier et de la création d’une émulation collective). D’après une étude Cone Communication, 75% des salariés estiment que l’entreprise a le devoir de mieux engager les salariés sur sa stratégie RSE…
Ces chiffres permettent de comprendre qu’aujourd’hui, ce qui manque à la RSE, c’est sa capacité à être claire. Expliciter ses objectifs et ses problématiques, ses implications pour les métiers, ses résultats, c’est là tout l’enjeu d’une équipe de RSE aujourd’hui pour impliquer davantage les salariés dans leurs actions. Encore une fois, on constate donc que la capacité à communiquer est une compétence fondamentale d’un professionnel de la RSE. Mais au-delà de ça, il y a peut-être un manque de moyen. Mettre en place des formations spécifiques, des ateliers participatifs, des outils de pédagogie au quotidien, cela demande beaucoup de moyens, aussi bien humains que financiers ou logistiques. Cela demande aussi une coopération des différents niveaux de décision (du PDG aux managers) afin de mettre en place ces processus. Et c’est peut-être aussi de ça dont manquent les équipes RSE aujourd’hui.
23% des salariés déclarent d’ailleurs que leurs managers directs se contentent de « relayer les grandes lignes de l’engagement RSE de leur entreprise », et ils sont 18% à juger qu’ils n’ont même « aucun rôle » dans la RSE. Si l’on veut que la RSE prenne toute la place qu’elle mérite dans la stratégie business d’une entreprise, il faut donc lui en donner les moyens !
Pédagogie, formations, interactions et coopérations des différents niveaux de décision de l’entreprise, voilà sans doute les prochains enjeux de la RSE dans les entreprises françaises ! Reste à savoir comment les professionnels de la RSE (déjà bien souvent mutli-casquettes) pourront prendre en charge ces nouvelles problématiques !
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