Qu’est-ce qu’une « Zone à défendre » ? Pourquoi en entend-t-on parler en ce moment ? À quoi sert-elle ? Sur quels principes s’appuie-t-elle ?

Définition d’une ZAD

Une Zone à Défendre est une zone géographique où des citoyens s’organisent collectivement pour s’opposer à des projets d’aménagement ou d’exploitation jugés préjudiciables pour l’environnement et la société. Ces projets luttent contre l’artificialisation des sols : la construction de différentes infrastructures comme des aéroports, des autoroutes, des barrages, ou des projets industriels… Les ZAD ne se limitent pas à occuper un territoire, elles incarnent des espaces de résistance et d’expérimentation sociale, où les communautés qui la compose défendent un système sociale, écologique et économique d’autogouvernance et anticapitaliste.

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Origine de la « Zone à défendre »

Le terme de ZAD est utilisé pour la première fois en 2009 par les militants présents sur les terres de Notre-Dame-des-Landes pour désigner ce mouvement de lutte contre le projet de construction d’un aéroport. C’est un détournement de la notion de « Zone d’Aménagement Différé », un outil foncier français qui consiste à donner un droit de préemption de 6 ans pour la construction de nouvelles infrastructures.

Si le terme de ZAD est plutôt récent, il fait écho à plusieurs décennies de lutte en France contre les grands projets. Comme l’explique la chercheuse Stéphanie Dechézelles dans un article scientifique, à partir des années 1960, l’objectif de l’État français est d’embrasser la course à la modernité entamée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et qui connaîtra une  accélération foudroyante lors des Trente Glorieuse. La France se parsème de grands projets routiers, militaires, énergétiques, zones commerciales et résidentielles, etc.

Des projets qui viennent profondément troubler les régions où ils s’implémentent. La destruction d’espaces chères aux individus crée de vives tensions au point d’occuper les zones de construction afin de montrer leur opposition au projet et empêcher le bon déroulement des travaux.

En réponse, des zones d’occupations sont créées dans le Larzac entre 1971 et 1981 contre l’extension d’un camp miliaire, à Plogoff (Finistère) entre 1978 et 1981 contre la construction d’une centrale nucléaire, ou bien les terres agricoles de Notre-Dame-des-Landes (Loire Atlantique) dans le girond des politiques françaises depuis 1963 feront l’objet de luttes pendant plusieurs décennies jusqu’en 2009 où le principe de la ZAD trouvera finalement son nom politique. Le projet d’aéroport sera abandonné en 2018 mais cela ne signera pas la fin de la ZAD. Des personnes occupent encore les lieux où des activités économiques, agricoles, et culturelles s’organisent.

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Principes et Objectifs de la ZAD

Les ZAD et les luttes qui les entourent ont eu la particularité de rapprocher différents milieux socio-culturels : l’habitants de la région, l’agriculteur, l’étudiant, les acteurs du tourisme, le militant écologiste ou anticapitaliste autour d’un sujet commun, la destruction d’un environnement au profit d’un grand projet.

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Mais les Zones à Défendre ne se limitent pas à des manifestations de résistance, elles incarnent des laboratoires vivants d’alternatives sociales, économiques et environnementales. Les ZAD se structurent en petites communautés aux règles spécifiques à chacune d’elles.

Ces communautés reposent généralement sur des principes de défense de l’environnement, de justice sociale et d’autodétermination. Les occupants cherchent à protéger des territoires menacés, à préserver la biodiversité et à promouvoir des modes de vie respectueux de la nature. En outre, les ZAD servent souvent de plateformes pour remettre en question les modèles économiques dominants et promouvoir des alternatives plus durables. Elles mettent en lumière la volonté des citoyens de prendre en main leur avenir, de défendre leurs convictions face à une système marchand destructeur de l’environnement et des sociétés.

Malgré quelques réussites, les ZAD sont aussi fortement combattue par les États, et des ZAD sont soit prévenues en amont par les services d’ordre nationaux, soit rapidement démantelée pour éviter toute structuration, et donc moyen de défense.

La tentative de lutte qui s’est organisée contre les méga-bassines dans les champs de Sainte-Soline aura démontré une réelle prise en considération de ce type d’action de contestation par l’État français. Une cellule anti-ZAD a été créée par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, le 2 avril 2023 au sein même du Ministère de l’Intérieur pour lutter juridiquement contre l’implémentation de nouvelles ZAD sur le territoire.

 

Exemples de ZAD 

  • Notre-Dame-des-Landes (France): L’une des ZAD les plus emblématiques, opposée à la construction d’un nouvel aéroport près de Nantes.
  • Arlon (Belgique): ZAD en lutte d’octobre 2019 à mars 2021 contre un parc d’activité économique prévu par l’intercommunalité.
  • Hambach (Allemagne): Les activistes ont occupé cette ZAD pour s’opposer à l’expansion d’une mine de charbon.
  • Dakota Access Pipeline Protest (États-Unis): Bien que techniquement différente, la lutte contre le pipeline a adopté des caractéristiques similaires à une ZAD, avec des protestations soutenues sur le site.