Comment construire sa raison d’être ? L’exemple de Bonduelle

Anne-Sophie Gougeon - Responsable RSE Groupe

Groupe Bonduelle

Diplômée d’un MBA en stratégies de développement durable, RSE et Environnement, Anne-Sophie a démarré son chemin professionnel en travaillant pour des ONGs internationales, puis ensuite en tant que responsable RSE pour un grand groupe. Suite à une formation complémentaire en conduite stratégique du changement, elle rejoint Bonduelle en 2019.

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Depuis l’entrée en vigueur de la Loi PACTE en mai 2019, plus d’une centaine d’entreprises françaises se sont déjà emparées du sujet de la raison d’être. Avec la période de transition climatique, environnementale et sociétale que nous traversons et qui implique une remise en question du rôle de l’entreprise, La loi Pacte offre aux entreprises une opportunité stratégique pour accélérer leur transformation positive, matérialisée par leur contribution au bien commun.

Fin février, Bonduelle révélait sa raison d’être : “Inspirer la transition vers l’alimentation végétale pour contribuer au bien-être de l’Homme et à la préservation de la planète”. Si Bonduelle ne s’inscrit pas pour le moment dans une démarche de reconnaissance comme entreprise à mission, sa raison d’être est le fruit d’un cheminement interne poussé en phase avec l’évolution du contexte social et climatique et guidera à présent l’ensemble des décisions et activités de l’entreprise familiale. Mais de quoi parle-t-on exactement dans le cadre de la raison d’être ? Comment Bonduelle a-t-elle construit la sienne ? Dans quelles mesures peut-on impliquer les collaborateurs dans cette démarche ? Découvrez toutes les réponses à ces questions avec Anne-Sophie Gougeon, Responsable du Développement Durable chez Bonduelle. 

La raison d’être : de quoi parle-t-on exactement ? 

Dans le cadre de la loi Pacte (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises), la place des entreprises dans la société est repensée dans le but de leur donner les moyens nécessaires pour innover, se transformer, grandir et intégrer plus fortement les enjeux du développement durable.

La raison d’être est loin d’être un exercice philosophique abstrait mais représente un véritable cap stratégique pour l’entreprise, une  colonne vertébrale qui, tournée vers l’avenir, tend à aligner les parties prenantes, à commencer par les dirigeants et les collaborateurs autour d’une vision commune. Cette raison d’être est immuable et doit constituer un noyau dur autour duquel l’organisation va évoluer au fil des années, au fil des crises, au fil des contextes politiques et économiques.

Bonduelle s’est saisi de cette occasion pour reformuler sa raison d’être. En 2012, lors d’un exercice stratégique et prospectif, Bonduelle avait déjà formulé sa vision. Notre ambition se traduisait alors ainsi : “devenir le référent mondial qui assure le bien vivre par l’alimentation végétale”. L’entreprise familiale, déjà consciente du rôle majeur de l’alimentation au cœur des  grands enjeux contemporains, a noté l’évolution progressive de ces enjeux et des nouvelles attentes sociétales depuis la formulation de cet objectif il y a bientôt 10 ans. 

Aujourd’hui, en phase avec une progression interne sur ces sujets et la volonté de devenir B Corp, nous réactualisons cette ambition afin de mieux nous adapter à un contexte externe en pleine mutation : des questions climatiques au centre des préoccupations, des comportements de consommateurs qui ne cessent d’évoluer, des citoyens en demande d’actions concrètes , etc. Si Bonduelle ne s’inscrit pas pour le moment dans une démarche de reconnaissance comme entreprise à mission, cet ensemble a tout de même renforcé une ambition déjà présente au sein de l’entreprise. 

Notre vision s’articule autour de 3 constats majeurs

Bonduelle

Le bien-être humain est intrinsèquement lié à la santé de notre planète

Notre dépendance à la nature ne se réduit pas à la seule production de denrées alimentaires. Les écosystèmes naturels fournissent d’autres services essentiels à notre survie : la production d’eau, de fibres et autres matières premières utiles au fonctionnement de nos activités économiques. Ils aident à réguler le climat, la qualité de l’air, facilitent l’absorption et le recyclage de nos déchets et émissions de polluants, luttent contre la propagation des maladies et parasites, etc.
Or, l’artificialisation et l’appauvrissement des sols, la déforestation tropicale, la pollution des mers et des fleuves, le dérèglement du climat, la surexploitation des ressources, l’érosion de la biodiversité, l’usage massif de pesticides, etc. sont autant d’éléments qui mettent désormais en péril la nature et sa capacité à nous fournir ces services essentiels à notre existence et à notre qualité de vie. Il est de notre devoir collectif et individuel de réagir et protéger notre environnement.

 

Nourrir l’Homme durablement est un challenge

L’alimentation est l’un des enjeux majeurs de notre siècle : il faut parvenir à répondre aux besoins d’une population en croissance, tout en limitant l’empreinte écologique humaine, intimement liée à son alimentation. En effet, les systèmes alimentaires de l’amont à l’aval (de la fourche à la poubelle), représentent un tiers* des émissions de gaz à effet de serre (GES) produites.

Sur le plan de la santé, une alimentation saine est un facteur clé de longévité d’une population. En effet, les deux principaux facteurs de risques qui réduisent l’espérance de vie sont la malnutrition et les risques alimentaires
* WWF, Bending the Curve

 

L’alimentation végétale est la solution

Pour la santé humaine et celle de la planète, toutes les données convergent et montrent que notre alimentation doit incontestablement évoluer. Les risques énoncés précédemment démontrent une nécessité de retrouver une majorité végétale dans nos assiettes. Selon nous, l’heure est à la révolution végétale pour le bien-vivre des générations actuelles et futures et celui des écosystèmes.
 

Pourquoi choisir de se doter d’une raison d’être ? 

La raison d’être reformulée de Bonduelle, “Inspirer la transition vers l’alimentation végétale pour contribuer au bien-être de l’homme et à la préservation de la planète”, nous permettra de guider l’ensemble des décisions et activités du groupe. Cette raison d’être nous offre tout d’abord la possibilité de nous positionner sur une question d’intérêt sociétal, dépassant les frontières de l’entreprise classique et allant au-delà de la simple production de végétal. 

Face aux constats énoncés  en encadré, nous croyons que Bonduelle est parfaitement positionné pour faire face à ces enjeux. Par la nature de notre activité, Bonduelle a une légitimité inégalée pour encourager les consommateurs à végétaliser leur assiette et influencer positivement notre culture culinaire. Par ailleurs, grâce aux liens forts entretenus par Bonduelle avec le monde agricole, nous sommes un acteur de la chaîne de valeur et souhaitons participer avec nos agriculteurs partenaires à la transition vers des pratiques innovantes et régénératrices des écosystèmes. 

La raison d’être n’est pas un outil de responsabilité sociétale de l’entreprise, de ressources humaines, de marketing ou un argument commercial. C’est une synthèse de tout cela. Chaque métier doit pouvoir se l’approprier et l’utiliser comme ligne directrice de son action. Elle permettra, nous l’espérons, de mobiliser les équipes autour d’un projet d’entreprise ambitieux.

Enfin, il existe un atout non négligeable et particulièrement précieux pour Bonduelle qui réside dans l’incarnation en actes de la raison d’être. En effet, la démarche permet de tendre vers une entreprise à impact positif, c’est-à-dire une entreprise dont la génération de profits n’est pas un but en soi mais un moyen de participer à la résolution des défis sociétaux et environnementaux. Une entreprise à impact positif c’est une organisation tournée vers l’extérieur, tournée vers l’ensemble de ses parties prenantes. C’est une organisation qui prend en compte l’intégralité de son environnement dans ses décisions et dans son évolution. Les parties prenantes ont d’ailleurs représenté un élément essentiel dans la construction de la raison d’être de Bonduelle. 

Impliquer les parties prenantes : un passage obligé pour une construction pertinente de la raison d’être

La raison d’être doit se situer à la croisée de ce qui permet à l’entreprise de faire des bénéfices, ce pour quoi elle est performante, ce dont le monde a besoin et ce sur quoi elle est le plus à même d’agir. Dans le cas contraire, le risque est de perdre en essence et en pertinence sur le sujet choisi. Aristote disait “Là où vos talents rencontrent les besoins du monde, là est votre vocation”. C’est exactement cette vocation que tente d’expliciter une raison d’être.

Pour Bonduelle, après avoir travaillé avec les actionnaires et les dirigeants pour qu’ils s’alignent sur les éléments de la vision et les prémices de notre mission, nous avons étendu l’exercice à d’autres parties prenantes clés. Il nous semblait indispensable d’interroger à la fois les acteurs internes et externes dans la construction de notre nouvelle raison d’être pour leur permettre de réagir et de challenger notamment les grands axes stratégiques qui permettront à Bonduelle de délivrer ses engagements. 

À l’interne, un échantillon représentatif de 700 collaborateurs a ainsi été sélectionné aléatoirement et invité à se prononcer sur un ensemble de questions liées à la vision du groupe après avoir été sensibilisé aux enjeux environnementaux et sociaux de l’alimentation. Nous avons estimé important de commencer par éveiller les consciences sur les sujets sur lesquels Bonduelle souhaite agir. La phase de réflexion permettait de recueillir des avis sur la façon dont Bonduelle pouvait répondre à la vision énoncée. Les collaborateurs, de toutes zones géographiques et de tous métiers, ont pu se prononcer sur la pertinence de la raison d’être finale, à la fois en tant que collaborateur et en tant que citoyen. 

À l’externe, nous avons mis à jour notre analyse de matérialité nous permettant de mieux connaître les enjeux de l’entreprise chers aux parties prenantes en parallèle de la réflexion sur la nouvelle raison d’être. Avec nos équipes, nous avons ainsi été en mesure de mener nos entretiens à la lumière de cette raison d’être ce qui nous a offert la possibilité de mieux cerner les attentes de nos parties prenantes à savoir nos clients, fournisseurs, ONG environnementales, chercheurs experts de la transition alimentaire, spécialistes de la gestion environnementale, entreprises B Corp, etc. 

L’enjeu principal réside dans la capacité, ou non, à bien prendre en compte l’ensemble des attentes de ces parties prenantes et de parvenir à les embarquer dans l’aventure de la raison d’être. Chez Bonduelle, nous avons notamment pour ambition de motiver nos 14 600 collaborateurs afin qu’ils deviennent ambassadeurs de cette raison d’être et l’incarnent dans leur quotidien.

La raison d’être, si elle séduit par les nombreuses opportunités qu’elle offre, doit cependant être pensée au niveau collectif pour garantir la pertinence de sa définition. Faire appel aux parties prenantes constitue un passage presque obligatoire que Bonduelle a su mettre en pratique et recommande vivement à toute entreprise souhaitant se lancer dans la démarche.

La raison d’être constitue un enjeu relativement récent. Il s’agit d’un exercice stratégique et non communicationnel. Pour Anne-Sophie Gougeon, il est important que l’ensemble des parties prenantes aient bien conscience que la raison d’être représente une fenêtre ouverte sur l’avenir et qu’elle oriente l’entreprise dans un défi qui, à la hauteur des enjeux, sera à relever tous ensemble.

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