On parle de plus en plus de précarité énergétique, mais qu’est-ce que c’est au juste ? Comment définir la précarité énergétique ? Où en est-on en France, en Europe ? Que faire face à la précarité énergétique ?

Définition de la précarité énergétique

La précarité énergétique est une situation où les ménages ont des difficultés à payer leurs factures d’énergie et/ou à assurer des niveaux de consommations énergétiques suffisants pour maintenir des conditions de vie décentes dans leur logement.

Elle peut avoir une origine financière (moyens insuffisants pour subvenir aux besoins énergétiques) ou technique (logement trop mal isolés ou mal équipés, ne permettant pas de maintenir une température suffisante, par exemple).

Définir la précarité énergétique : les critères

Il existe plusieurs façons de définir la précarité énergétique, selon différents critères :

  • La performance énergétique du logement : les habitants des « passoires énergétiques » peuvent être considérés en précarité énergétique car le déficit d’isolation de leur logement les force à surconsommer de l’énergie pour atteindre des niveaux de confort et de salubrité acceptables
  • La part des dépenses énergétiques dans le budget : on considère que les foyers dépensant plus de 8% de leur budget dans l’énergie sont en situation de précarité énergétique car cela représente une part importante du revenu
  • L’exposition au froid : on considère que lorsqu’un ménage souffre du froid dans son logement, c’est qu’il est en situation de précarité énergétique

État des lieux et chiffres

Il est assez difficile d’évaluer précisément le nombre de personnes victimes de précarité énergétique, car les chiffres dépendent largement des critères utilisés, mais aussi car les situations de détresse énergétiques ne sont pas toujours déclarées, et peuvent recouvrir des réalités diverses. En France, l’Observatoire de la Précarité Énergétique estime toutefois que 20% des Français ont souffert du froid ces dernières années, ce qui représente environ 12 millions de personnes. D’autre part, il existerait environ 5 à 6 millions de passoires énergétiques dans le pays, soit autant de ménages en situation de précarité énergétique. Côté dépenses, on estime que 10 à 11% des ménages, soit environ 3 millions de ménages (6.6 millions de personnes) dépensent plus de 8% de leur budget dans leurs consommations énergétiques.

En Europe, le chiffre est estimé à environ 55 millions de personnes, soit 11% de la population européenne, selon les instances européennes.

Dans le monde, les données sont plus difficiles à obtenir, mais l’Agence internationale de l’énergie estime que plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité et que deux milliards de personnes n’ont pas accès à des sources d’énergie modernes.

La précarité énergétique est donc un phénomène qui touche des millions de personnes y compris dans les pays développés, et pose de nombreux problèmes sociaux et sanitaires.

Les causes de la précarité énergétique

Les causes de la précarité énergétique sont multiples, mais il s’agit souvent de la conjonction de situations de pauvreté et de précarité des infrastructures de logement. Des logements mal isolés et/ou aux équipements énergétiques obsolètes se retrouvent souvent occupés par des personnes précaires, disposant de peu de moyens, ou à la situation professionnelle fragile. Les personnes âgées, les familles monoparentales et les personnes atteintes de maladies chroniques sont également plus susceptibles de se trouver dans cette situation.

Si la précarité énergétique touche de façon démesurée les populations les plus pauvres, c’est d’abord parce que ce sont ces populations qui se voient contraintes d’accepter des contrats de location dans des logements quasi-insalubres ou mal équipés, faute d’une situation financière leur permettant de mieux choisir leur lieu de vie. Aussi, cela engendre un cercle vicieux : les plus pauvres se retrouvent en situation de précarité énergétique, ce qui les oblige à consommer plus d’énergie, et peut aussi dégrader leur santé, et les précarise encore plus

Des conséquences multiples : sanitaires, économiques et sociales

La précarité énergétique peut avoir de nombreuses conséquences négatives sur la vie des personnes touchées, notamment :

  1. Des problèmes de santé : vivre dans des logements froids et humides peut aggraver des problèmes de santé existants et entraîner de nouvelles maladies. Cela peut inclure des maladies respiratoires, des maladies cardiovasculaires, des maladies mentales, des infections et d’autres problèmes de santé.
  2. Une augmentation des dépenses : les ménages en situation de précarité énergétique peuvent être confrontés à des factures d’énergie élevées, ce qui peut les obliger à choisir entre se chauffer et se nourrir ou payer d’autres factures importantes.
  3. Une pauvreté énergétique : les ménages touchés peuvent ne pas avoir accès à des sources d’énergie suffisantes pour satisfaire leurs besoins de base, ce qui peut les empêcher de cuisiner, de se laver et de s’éclairer correctement.
  4. Des problèmes de logement : le phénomène peut aggraver les problèmes de logement existants, tels que l’humidité, la moisissure, la condensation et les fuites d’eau, ce qui peut causer des dommages structurels et nuire à la santé des occupants.
  5. Une exclusion sociale : elle peut isoler les personnes touchées de leur communauté et de leur vie sociale en raison de l’incapacité à se chauffer et de participer à des activités sociales.

En résumé, la précarité énergétique peut avoir des conséquences graves et durables sur la santé, le bien-être et la qualité de vie des personnes touchées. Elle peut également entraîner une exclusion sociale et économique et aggraver les inégalités existantes.

Comment lutter contre la précarité énergétique ?

La précarité énergétique est un problème structurel qui appelle donc une réponse structurelle, et ce, à plusieurs niveaux. L’un des enjeux de la lutte contre la précarité énergétique, c’est la qualité énergétique des bâtiments. Il s’agit donc de faire en sorte de développer la rénovation énergétique des bâtiments de manière à limiter le nombre de passoires thermiques. Il s’agit aussi de mieux équiper les logements en matière énergétique, avec des chaudières ou des systèmes de chauffage plus performants et moins chers.

Mais l’enjeu est aussi social. Pour préserver les populations, il faut aussi une politique sociale qui sorte les populations de la précarité économique. Aides financières, protection sociale, accompagnement permettent alors d’aider les plus fragiles et de leur apporter des moyens leur permettant à la fois de mieux payer leurs factures énergétiques, mais aussi d’investir dans la qualité énergétique de leur logement. Aussi, des populations moins fragiles sur le plan financier risquent moins de subir la pression des coûts énergétiques.

Aujourd’hui, les organisations caritatives agissent en offrant une aide financière et pratique aux ménages en difficulté. Enfin, les communautés locales et les organisations de la société civile s’impliquent également pour sensibiliser aux pratiques énergétiques, aux éco-gestes favorisant la sobriété énergétique, et pour trouver des solutions adaptées aux besoins locaux. Il existe aussi des acteurs privés qui tentent de jouer un rôle en proposant des équipements énergétiques plus performants et en développant des solutions innovantes d’efficacité énergétique pour les ménages à faible revenu.