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La crise de l’eau désigne une situation dans laquelle la disponibilité en eau douce est insuffisante pour répondre aux besoins essentiels de la population humaine, des écosystèmes naturels, et des activités économiques. Cette crise découle de plusieurs facteurs interconnectés, notamment la croissance démographique rapide, l’urbanisation, l’industrialisation, le changement climatique, la pollution de l’eau, ainsi que la gestion inefficace et non durable de la ressource en eau.
Comme le rappelle le rapport de 2024 de l’ONU sur les avancées des Objectifs de Développement durable (ODD), les difficultés d’accès à une eau potable sont le quotidien, encore aujourd’hui, de près de 2 milliards de personnes, principalement en Afrique subsaharienne – où 70 % de la population a un accès limité à l’eau potable –, en Afrique de l’Est, en Asie centrale et du Sud, et enfin au Moyen-Orient. De plus, 3 milliards de personnes n’ont pas accès à des toilettes, ce qui exacerbe les problèmes de santé publique liés à l’eau, et 1,4 milliard de personnes ne peuvent pas avoir une hygiène de base.
Écrit par Béatrice Héraud, Rédactrice en chef
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Écrit par Valentine Ambert, Rédactrice pour Youmatter
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Écrit par Florentin Roy, Journaliste
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Écrit par Clément Fournier, Anciennement journaliste et rédacteur en chef
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Écrit par Florentin Roy, Journaliste
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Écrit par Clément Fournier, Anciennement journaliste et rédacteur en chef
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Le changement climatique perturbe gravement le cycle naturel de l’eau. Les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses prolongées et les fortes précipitations, deviennent de plus en plus fréquents. Ces événements aggravent la rareté de l’eau dans de nombreuses régions du monde et altèrent la disponibilité saisonnière des ressources en eau. Selon le rapport de l’ONU sur les ODD, en 2022, près de la moitié de la population mondiale a souffert d’une grave pénurie d’eau pendant une partie de l’année. Un quart de la population a subi un stress hydrique « extrêmement élevé ».
« Le changement climatique aggrave ces problèmes et fait peser des risques importants sur la stabilité sociale« , note l’ONU. Par exemple, la fonte des glaciers, qui constitue une source d’eau douce pour des millions de personnes, est accélérée par le réchauffement global de la planète. Le Maroc, pour sa part, connaît en 2024 sa 6e année consécutive de sécheresse.
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Et le constat est similaire dans des climats moins extrêmes, comme en France. « En 2022, 35 % des sols du territoire ont été en situation de sécheresse (moyenne calculée sur l’année). Cette sécheresse s’est étalée sur 10 mois : de mars à fin décembre. Cette situation est inédite depuis le début des analyses sécheresses de Météo France, qui remontent à 1959 », rappelle une note du Centre de ressources pour l’adaptation au changement climatique.
Dans ce contexte, le débit des fleuves et des cours d’eau se réduit fortement, et de nombreuses nappes phréatiques finissent dans des situations critiques, impactant par la même occasion les écosystèmes aquatiques (rivières, lacs, zones humides…) qui sont gravement touchés. Cela entraîne le déclin de la biodiversité, la dégradation des habitats naturels et l’altération des processus naturels essentiels, tels que la régulation des inondations et la purification naturelle de l’eau.
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Les activités humaines contribuent directement à la crise de l’eau à travers plusieurs facteurs :
Les différents types d’eau utilisés pour mesurer l’empreinte eau se divisent, selon le Water Footprint Network en trois catégories principales : l’eau bleue, l’eau verte et l’eau grise.
L’eau est une ressource essentielle à l’économie mondiale, souvent qualifiée d’« or bleu », elle est indispensable pour de nombreuses activités économiques, telles que la production d’énergie, de biens industriels, de produits alimentaires, ainsi que pour soutenir l’industrie technologique.
En France, près des trois quarts de l’eau douce prélevée sont utilisés pour produire de l’énergie, des biens industriels et des produits alimentaires. Par exemple, le secteur de l’énergie est particulièrement consommateur d’eau, notamment pour refroidir les centrales nucléaires. L’industrie chimique, l’industrie extractive, et même l’industrie high-tech, sont également de grandes consommatrices d’eau. La fabrication d’un smartphone, par exemple, nécessite environ 12 000 litres d’eau souligne le Water Footprint Network, tandis que pour le secteur agricole, la production d’un kilogramme de bœuf en requiert environ 16 000 litres.
En savoir + : L’eau : indispensable à l’économie et source de conflits d’usage
Le changement climatique, en exacerbant les phénomènes de sécheresse et en altérant la disponibilité de l’eau, accroît les tensions entre les citoyens et le secteur privé. Ces tensions sont déjà palpables dans plusieurs secteurs stratégiques. Dans l’agriculture, par exemple, les mégabassines utilisées pour l’irrigation des cultures sont au cœur de nombreuses critiques en France depuis les années 2000. Dans le secteur touristique, les stations de ski utilisent de grandes quantités d’eau pour l’enneigement artificiel, suscitant des controverses, surtout en période de sécheresse. Même constat pour les golfs ou les piscines privées.
Le fleuve du Rhône illustre aussi ces conflits potentiels entre l’industrie, l’agriculture et les besoins en eau de la population. Les rejets d’eau chaude des centrales électriques dans ce fleuve déstabilisent les écosystèmes aquatiques, nécessitant parfois des dérogations pour permettre leur fonctionnement.
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La transition écologique et la réindustrialisation, bien que cruciale pour lutter contre le changement climatique, risquent d’exacerber les conflits autour de l’eau. Les projets industriels visant à produire de manière plus durable nécessitent souvent d’importantes quantités d’eau, augmentant ainsi les tensions dans les régions où cette ressource est déjà rare.
En savoir + : Comment rendre la transformation écologique désirable ?
En Isère, par exemple, un projet de nouvelle usine de plaquettes de silicium pour l’industrie microélectronique a suscité des contestations en raison de l’augmentation prévue de la consommation d’eau dans une région déjà touchée par la sécheresse. De même, le projet de mine de lithium dans l’Allier, bien que conçu pour optimiser la réutilisation de l’eau, nécessitera toujours un prélèvement significatif.
Ces tensions soulignent l’importance d’une meilleure gouvernance de l’eau. Il est crucial de considérer l’eau non seulement comme une ressource économique, mais aussi comme un bien commun, essentiel à la paix et à la stabilité sociale. La gestion proactive et inclusive de cette ressource est indispensable pour assurer que l’eau reste un outil de développement durable, plutôt qu’une source de conflit.
Cela inclut la mise en œuvre de technologies et de pratiques agricoles plus efficientes, la protection des écosystèmes aquatiques, l’amélioration des infrastructures de distribution, la promotion de la réutilisation et du recyclage de l’eau, ainsi que la sensibilisation à l’importance de la conservation de l’eau. Mais l’objectif pour les nations est de recréer les conditions nécessaires pour ralentir le cycle de l’eau comme l’explique Vincent Bretagnolle, écologue et directeur de recherche au CNRS, dans un article pour CNRS Le Journal. C’est recréer un territoire capable d’absorber et de contenir l’eau, et cela nécessite à la fois de revégétalisation les campagnes et redonner aux cours d’eau leur forme originelle. L’association « Pour une Hydrologie Régénérative » milite en ce sens pour une restructuration du territoire et un usage raisonné de la ressource en eau.
Enfin, des politiques globales et une coopération internationale sont essentielles pour assurer une répartition équitable et durable des ressources en eau à l’échelle mondiale, puisque de nombreux pays partagent une même source d’eau.