Qu’est-ce que le développement durable ? Quelle est la définition de ce concept ? Comment comprendre l’histoire du développement durable et ses applications ?

Définition courte et simple du développement durable

Le développement durable est l’idée que les sociétés humaines doivent vivre et répondre à leurs besoins sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.

 

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Concrètement, le développement durable est une façon d’organiser la société de manière à lui permettre d’exister sur le long terme. Cela implique de prendre en compte à la fois les impératifs présents mais aussi ceux du futur, comme la préservation de l’environnement et des ressources naturelles ou l’équité sociale et économique.
La définition « officielle » du développement durable a été élaborée pour la première fois dans le Rapport Bruntland en 1987. Ce rapport était la synthèse issue de la première commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU.

Les 3 piliers du développement durable

Contrairement au développement économique, le développement durable est un développement qui prend en compte trois dimensions : économique, environnementale et sociale. Les trois piliers du développement durable qui sont traditionnellement utilisés pour le définir sont donc : l’économie, le social et l’environnement. La particularité du développement durable est de se situer au carrefour de ces 3 piliers.

Développement durable : histoire et origine du concept de développement durable

Quand est apparu le développement durable ?

Le mot de développement durable apparaît au début des années 1970 et 1980 dans des écrits scientifiques. L’un des premiers textes référencés faisant usage de ce concept dans le sens actuel est le Rapport du Club de Rome « Halte à la croissance », mais on en trouve des occurrences dans d’autres textes de la même époque dans des disciplines diverses. Ce rapport publié en 1972 et écrit par deux scientifiques du MIT tentait de questionner notre modèle de développement économique basé sur la croissance économique infinie dans un monde aux ressources finies. Il montrait alors les limites écologiques de notre modèle.

Au niveau international, on commence à parler de développement durable pour la première fois dans les rapports des Congrès de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Mais bien avant cela, le développement durable avait commencé à émerger comme idée.

Développement durable : les causes de l’émergence du concept

L’émergence de l’idée du développement durable est concomitante avec celle de la société industrielle. A partir de la deuxième moitié du 19ème siècle, les sociétés occidentales commencent à constater que leurs activités notamment économiques et industrielles ont un impact significatif sur l’environnement et sur l’équilibre social. Plusieurs crises écologiques et sociales vont avoir lieu dans le monde et vont faire prendre conscience qu’il faut un modèle plus durable.
Voici quelques exemples des crises économiques et sociales qui ont secoué le monde au XXème siècle :

  • 1907 : crise bancaire américaine
  • 1923 : crise de l’hyperinflation américaine
  • 1929 : la crise financière des années 1930 commence
  • 1968 : mouvement social de mai 1968 en France et dans le monde
  • 1973 et 1979 : chocs pétroliers
  • 1982 : choc de la dette des pays en développement

Et quelques exemples de crises écologiques

  • 1954 : retombées nucléaires de Rongelap
  • 1956 : crise du mercure de Minamata
  • 1957 : marée noire de Torrey Canyon
  • 1976 : catastrophe Seveso
  • 1984 : catastrophe de Bhopal
  • 1986 : catastrophe nucléaire de Tchernobyl
  • 1989 : marée noire de l’Exxon Valdez
  • 1999 : catastrophe Erika
  • Mais aussi : le réchauffement climatique, la pollution de l’air, la question de la couche d’ozone, la disparition de la biodiversité….

Comment le développement durable a pris de l’importance ?

Si le développement durable était une idée relativement peu connue jusqu’à la seconde moitié du 20ème siècle, elle a rapidement pris de l’importance face à la multiplication de ces crises écologiques et de leurs conséquences sur les sociétés humaines. Au fur et à mesure de l’avancée des connaissances scientifiques sur des enjeux comme la couche d’ozone, le réchauffement climatique ou la disparition de la biodiversité, la communauté internationale a pris conscience de la nécessité de trouver un modèle économique susceptible de permettre d’assurer nos besoins sans détruire notre écosystème.

La définition d’un développement plus durable, l’écologie, l’altermondialisme et la prise en compte internationale

Le développement durable et les origines de l’écologie

Ainsi, les premiers penseurs de l’écologie vont émerger dès la fin du XIXème siècle (Haeckel, Paul Vidal de la Blache), alors que leurs idées ne vont véritablement prendre racine qu’au cours du XXème. Voici une chronologie du développement de l’écologie :

  • Années 1850-60 : développement de la pensée de l' »écologie » par le biologiste Ernst Haeckel et le poète Henry David Thoreau
  • 1872 : fondation du parc national de Yellowstone
  • 1948 : fondation de l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature)
  • 1951 : premier rapport de l’UICN sur l’environnement dans le monde
  • 1963 : publication de « The Silent Spring », qui dénonce les conséquences de la pollution
  • 1965 : première conférence de l’UNESCO sur la biosphère
  • 1968 – 72 : fondation du Club de Rome et publication de son premier rapport « Les limites de la croissance »

A partir de là, un mouvement de plus en plus international se met en place pour dénoncer les dérives de la société de consommation, de l’industrie et de l’économie internationale. Les représentants de ce mouvement sont notamment les altermondialistes, les écologistes, les tiermondistes… Face à la multiplication des catastrophes écologiques et sociales, de plus en plus d’individus et de citoyens internationaux réclament la prise en compte de l’environnement et de la justice sociale par les gouvernements.

La prise en compte internationale

Progressivement, les autorités publiques vont donc inscrire ces problématiques dans leur agenda politique, notamment avec :

  • 1971 : création du Ministère de l’Environnement en France
  • 1972 : premier Sommet de la Terre à Stockholm
  • 1974 : premier candidat écologiste à la Présidence de la République en France (René Dumont)
  • 1987 : Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement de l’ONU et publication du Rapport Brundtland sur le développement durable.
  • 1982 : Deuxième Sommet de la Terre à Nairobi
  • 1992 : Sommet de la Terre à Rio
  • 2002 : Sommet de la Terre à Johanesburg
  • 2012 : Sommet de la Terre Rio +20

La définition du développement durable du rapport Brundtland

La Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement de l’ONU débute en 1983. Le contexte international est de plus en plus agité à propos des questions de justice sociale et d’environnement. 11 ans après le Sommet de la Terre de Stockholm, les choses n’ont pas beaucoup évolué. Au contraire, ce sont des gouvernements néo-libéraux qui sont élus aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, et qui prônent une conception non régulée des marchés économiques et financiers. Le second choc pétrolier a fait des ravages et on se rend compte que nous vivons dans un monde aux ressources finies, et que notre développement doit donc être limité. A l’époque, l’idée est de trouver un moyen de concilier le développement économique et le développement des marchés avec la préoccupation écologique et sociale. L’ONU vote donc une résolution constituant la Commission afin de travailler sur cette question.

Quatre ans plus tard, la Commission publie son rapport, intitulé Notre Avenir à Tous (Our Common Future). C’est la première fois que le terme développement durable est officiellement utilisé par une institution internationale. Voici la définition qui en est donnée dans le rapport :

« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »

L’idée du développement durable selon la définition donnée par le Rapport Brundtland, c’est qu’il est possible de trouver un modèle économique qui concilie croissance des marchés et de la production, avec le respect des limites naturelles et des droits de l’homme. Si au départ, le rapport Brundtland n’a pas eu un écho médiatique très important, le terme a fini par se répandre au fur et à mesure des divers Conférences internationales sur l’environnement ou sur le climat. La prise de conscience citoyenne du problème écologique a contribué à en faire un sujet « à la mode » et donc à développer le mot.

Évolutions de la définition du développement durable

Durable ou soutenable ? Glissement sémantiques

Il existe une polémique sur l’adjectif « durable » dans développement durable. En Anglais (langue originale du rapport Brundtland), le terme utilisé est « sustanable development », qui pourrait se traduire par « développement soutenable ». Selon Franck-Dominique Vivien « le terme ‘durable’ a tendance à renvoyer à la durée du phénomène auquel il s’applique, comme si le problème se résumait à vouloir faire durer le développement. Or la notion de soutenabilité permet de mettre l’accent sur d’autres questions relatives à la répartition des richesses entre les générations et à l’intérieur de chacune des générations »
D’un autre côté, l’adjectif soutenable en français renvoie à deux définitions possible :

  • Qui peut être défendu, appuyé par des arguments sérieux. Ex : Ce point de vue n’est pas soutenable.
  • Qui peut être supporté, enduré. Ex : Des scènes de violence peu soutenables.

Étymologiquement, il ne renvoie donc pas à l’idée d’une stabilité et d’une régularité dans le temps. Cela pousse le Dictionnaire du Développement Durable de l’Office Québécois de la Langue Française à estimer que le terme « développement soutenable » n’est « pas adapté pour désigner le concept en question. Développement durable est maintenant le terme le plus largement utilisé dans l’ensemble de la francophonie ».

Définition : de nouveaux aspects

À l’origine, le développement durable est un développement qui respecte à la fois les besoins économiques, les besoins sociaux et l’environnement. Mais au fur et à mesure du développement de ce concept, d’autres dimensions s’y sont ajoutées. En particulier, le développement durable s’accompagne désormais souvent d’une réflexion sur l’échelle géographique : ce qui est un développement durable à l’échelle locale peut ne pas l’être à l’échelle mondiale et inversement. D’autre part, la définition du développement durable prend également de plus en plus souvent une dimension politique (quel système permet la meilleure liberté politique ?) ainsi qu’une dimension éthique et morale.
Aujourd’hui, de plus en plus le développement durable se rapproche de la définition de la résilience.

La remise en cause de la définition du développement durable

Pour certains penseurs, la notion de développement durable est en elle-même biaisée parce qu’elle se base sur le concept de « développement », lui même sujet à caution. Gilbert Rist par exemple, considère que la notion de développement est un ethnocentrisme et une croyance occidentale.

Selon lui, lorsque l’on parle de « développement » (comme lorsqu’on évoque les « pays en développement ») on présuppose qu’il existe une forme de développement universellement souhaitable. En somme, on part du principe que la société occidentale, société de consommation, société étatique, industrielle et politique est la forme de société vers laquelle il faut idéalement tendre. Or il existe d’autres formes de sociétés dans le monde, qui ont vécu des formes de développement différentes : des sociétés agraires basées sur une agriculture vivrière par exemple, ou encore des sociétés non-étatiques et autonomes.Le terme « développement durable » porte donc en lui cette connotation, et surtout il dénote un impensé d’autres formes de vie que celles établies par la société capitaliste occidentale.

Les penseurs de la décroissance remettent également en cause la notion de développement durable, dans le sens où celle-ci est souvent associée à la croissance économique. En effet, la définition du développement durable comprend une dimension de développement (de croissance) économique. Or pour les penseurs de la décroissance, la croissance économique ne peut pas en soit être un phénomène durable. En effet, comment peut-on espérer une croissance durable (donc infinie) dans un monde où les ressources ne sont pas illimitées ? Comment produire toujours plus sur une planète limitée ? Voilà autant de raisons de questionner la définition du développement durable.

Le développement durable : exemples pratiques

Aujourd’hui, la pensée du développement durable commence à se traduire dans la réalité par des changements de pratiques. Il existe donc de nombreux exemples d’actions ou de mises en pratique qui peuvent correspondre à la définition du développement durable.

Développement durable : la transition écologique et solidaire des sociétés

L’un des exemples les plus communs du « développement durable » en pratique sont les politiques mises en place par les gouvernements pour prendre en compte les problématiques environnementales et sociales.

De nombreux pays sont aujourd’hui en train de prendre conscience que s’ils veulent exister et se développer sur le long terme, ils doivent préserver leurs espaces naturels, leurs ressources, mais également fonder une société plus juste et plus égalitaire. En France, cette prise de conscience s’est traduite par le développement progressif d’une certaine politique de « développement durable ».

Dans les années 1970, la France a créé pour la première fois son Ministère de l’Environnement, chargé de la protection des écosystèmes et des ressources naturelles. Depuis, ce ministère s’est transformé pour devenir aujourd’hui le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, chargé à la fois de mettre en oeuvre les politiques écologiques et en partie les politiques sociales du pays.

Parmi les exemples concrets de politique liées au développement durable mis en place en France, on peut citer notamment :

  • La transition énergétique, qui vise à transformer la manière dont nous produisons de l’énergie pour la rendre plus durable, notamment en utilisant les énergies renouvelables
  • La politique de protection de la biodiversité, qui vise à protéger certaines espèces et certains espaces afin d’éviter la disparition d’espèces menacées par exemple
  • La politique d’économie circulaire, qui vise à maximiser le recyclage des matériaux et à optimiser l’utilisation des ressources, tout en limitant les déchets.
  • Le grand plan de rénovation des logements et d’efficacité énergétique qui vise à mieux isoler les logements français afin de réduire nos consommations énergétiques
  • Les différents plans de régulation de l’usage des pesticides et des substances chimiques, qui ont pour objectif de réduire les pollutions ou les phénomènes comme l’acidification des océans.

[box]Pour plus d’informations voir :

En entreprise : l’exemple de la RSE

Les entreprises ont aussi un rôle à jouer dans la transition écologique et le développement durable : c’est ce que l’on appelle la RSE.
Désormais, de plus en plus d’entreprises sont contraintes d’adopter les principes du développement durable dans leurs activités. Il existe par exemple des lois qui obligent les entreprises à mesurer leurs impacts environnementaux et à les rendre publics, ce qui les incite à adopter des pratiques plus écologiques.

Ainsi, beaucoup d’entreprises doivent gérer leurs productions en fonction des principes du développement durable, afin d’améliorer leur impact sur la planète, sur l’économie et sur la société. Mais c’est aussi le cas des institutions publiques et de tous les autres acteurs.

Généralement, on regroupe ces pratiques « durables » dans l’entreprise sous le terme RSE, ou responsabilité sociale de l’entreprise. Concrètement, il peut s’agir de choisir les énergies renouvelables ou de pratiquer l’efficacité énergétique, de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre et son Bilan Carbone, de pratiquer l’éco-conception ou encore de prendre des mesures pour moins affecter la biodiversité et les écosystèmes.

Développement durable et l’exemple de la consommation responsable

Pour les consommateurs, un exemple de traduction du développement durable en action est la consommation responsable. En résumé, il s’agit d’adopter des comportements plus écologiques et plus solidaires au quotidien, de mieux vivre et de mieux consommer pour limiter ses impacts sur l’environnement.

 

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