Aujourd’hui encore, le handicap reste un frein important à l’intégration dans le monde du travail. En France, 1,8 million de personnes handicapées sont en âge de travailler en France (soit 6.5% de la population active). Pourtant leur taux d’emploi n’est que de 35% pour un taux de chômage effectif de près de 20%. Il y a donc encore un long chemin à parcourir avant que les personnes handicapées soient réellement intégrées au monde du travail. Pourtant, il existe plusieurs structures en France qui permettent de favoriser le travail des personnes handicapées. ESAT, entreprises adaptées (EA), quelles différences ? Retour sur ces mesures qui permettent de concilier le travail et le handicap.

Travail et handicap : l’obligation légale

Depuis la Loi Handicap du 10 juillet 1987, les entreprises de plus de 20 salariés ont l’obligation de compter parmi leurs employés au moins 6% de salariés handicapés. Dans le cas contraire, les entreprises doivent payer une cotisation à l’Association pour la gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) qui à son tour met en place des politiques d’intégration des handicapés au travail. Mais pour remplir son obligation relative au travail des handicapés, les entreprises peuvent aussi sous traiter certaines de leurs activités auprès d’établissements des secteurs dits « protégés » et « adaptés ». Zoom sur ces entreprises particulières.

Le secteur adapté : les Entreprises Adaptées (EA)

Les Entreprises Adaptées (EA) sont des entreprises classiques à ceci près qu’elles emploient au minimum 80% de travailleurs en situation de handicap. Ce n’est donc pas une structure médicale ou un centre spécialisé, mais une vraie entreprise, qui permet d’intégrer durablement les personnes handicapées dans l’emploi, de créer de la richesse et des emplois stables et de qualité dans un environnement de travail spécialement conçu et adapté pour les personnes handicapées.

En France, les Entreprises Adaptées représentent près de 700 structures et plus de 26 000 salariés handicapés qui sont presque tous employés en CDI, pour un chiffre d’affaire de près d’1 milliard d’euros. Le secteur fait partie intégrante du tissu économique puisqu’il agit principalement dans le cadre de contrats de sous-traitance avec des entreprises ordinaires.

Pour pouvoir embaucher plus de 80% de personnes en situation de handicap, les entreprises adaptées bénéficient d’aides publiques qui compensent le surcoût éventuel lié à l’adaptation de l’environnement de travail au handicap ou à l’encadrement des salariés. Près de 15 000 euros de subventions annuelles sont ainsi accordés aux entreprises adaptées.

D’après une étude KPMG, l’investissement est rentable pour la collectivité. En effet, investir dans ces structures permet à la fois de sortir les personnes handicapées de la précarité professionnelle (ce qui coûterait près de 9 000 euros par an et par personne au secteur public) mais également de créer plus de richesse sur le territoire (et donc plus de recettes fiscales).

Grâce aux entreprises adaptées, il est donc possible de créer un vrai vecteur d’intégration professionnelle pour les personnes handicapées, tout en dynamisant l’économie locale. Mais alors, quelles différences entre une Entreprise Adaptée et un ESAT ?

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Le secteur protégé : les Etablissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT)

Contrairement aux Entreprises Adaptées, les ESAT ne sont pas des entreprises au sens strict du terme. Ce sont ces structures médico-sociales qui offrent à des personnes en situation de handicap la possibilité d’exercer une activité lorsqu’elles ne se sentent pas assez autonomes pour travailler dans une entreprise ordinaire.

Les ESAT sont donc des établissements de transition vers l’intégration professionnelle, où les personnes handicapées exercent dans des conditions adaptées certaines activités professionnelles et bénéficient d’un soutien médical, social et éducatif. Certains ESAT disposent également d’un foyer qui permet d’accueillir et de loger les bénéficiaires en dehors de leur temps d’activité, ce qui permet en outre de lutter contre l’isolement de ces personnes.

Les principales missions des ESAT sont de soutenir l’intégration de leurs travailleurs handicapés en maintenant ou en développant leurs acquis professionnels, en favorisant leur autonomie au travail, et en les aidant in fine à accéder au milieu professionnel ordinaire.

Les ESAT sont majoritairement en contrat avec le secteur public, qui leur délègue certaines missions. Mais ils agissent aussi comme sous-traitants pour certains types de missions auprès d’entreprises ordinaires.

Des solutions efficaces pour le travail des personnes handicapées

Qu’il s’agisse des Entreprises Adaptées ou des ESAT, ces structures sont efficaces car elles permettent d’intégrer véritablement les personnes handicapées dans le monde du travail. Contrairement à certaines idées reçues, les personnes en situation de handicap sont capables de travailler à de nombreux postes, et les adaptations ne sont pas nécessairement insurmontables pour les entreprises. Pourtant, la situation dans les entreprises ordinaires est encore un peu difficile pour les personnes handicapées, puisqu’à peine une entreprise sur deux en France emploie le minimum légal de 6% de salariés handicapés.

Les Entreprises adaptées et les ESAT sont donc des alternatives intéressantes à plus d’un titre : elles permettent aux personnes handicapées de se maintenir dans l’activité, de ne pas s’isoler et de gagner leur vie, mais elles sont aussi une vitrine qui montre à toutes les entreprises qu’il est possible de surmonter le handicap au travail et de fonctionner avec lui… sans tomber dans les trop nombreuses idées reçues qui existent encore sur le handicap au travail.

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