Quels sont les risques qui menacent le monde en 2018 ? Petit exercice d’anticipation avec le dernier Global Risk Report du World Economic Forum.

Le monde est de plus en plus complexe, les interactions se multiplient et les échelles des phénomènes sont de plus en plus larges. Dans ce monde complexe, bien évidemment, les risques sont de plus en plus significatifs : si une chose se passe à un bout de la planète, elle peut avoir des conséquences jusqu’à l’autre bout, comme ce fut le cas de la crise financière de 2008, démarrée aux Etats-Unis, qui a affecté toute la planète.

Pour anticiper ces risques, le World Economic Forum publie chaque année un « Global Risk Report » où sont analysés les phénomènes susceptibles de constituer des risques pour les sociétés mondiales. Ces risques sont ensuite classés en fonction de leur probabilité et de leur impact potentiel. Voici donc les 10 risques qui sont à la fois les plus susceptibles de menacer le monde en 2018 et à la fois auront s’ils se réalisent, le plus d’impact.

1 – Les évènements météo extrêmes

Comme en 2017, le WEF considère que le plus grand risque auquel fait face la planète en 2018 sont les évènements météo extrêmes : tempêtes, cyclones, inondations, incendies de forêt. Pour l’instant, difficile de donner tort au WEF, puisque les évènements météo extrêmes ont déjà frappé plusieurs régions du monde depuis le début de l’année : la France qui a enchaîné 3 grosses tempêtes et des inondations, les Etats-Unis avec une vague de froid sans précédent, le Québec avec des inondations record. On aurait pu parler aussi de l’Asie qui a vécu de plein fouet le typhon Tembin à la fin de l’année, et de la recrudescence des cyclones sur l’Atlantique en 2017.

Bref, il semble que ce soit une tendance de fond : les évènements météo extrêmes se multiplient, et aux Etats-Unis, ils ont coûté plus cher que jamais auparavant dans l’histoire en 2017. 2018 devrait suivre la même tendance. À souligner : le WEF estime que les évènements météo extrêmes qui risquent de nous frapper ont un potentiel destructeur équivalent à celui des armes de destructions massives existantes sur la planète (bombes nucléaires inclues).

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2 – Les désastres naturels

2ème risque pour le monde en 2018 : les désastres naturels comme les séismes, les glissements de terrains les tsunamis ou les éruptions volcaniques. Bien sûr, on peut se demander pourquoi ce risque serait particulièrement fort cette année. D’une façon assez surprenante, c’est en partie lié au risque précédent, ainsi qu’au réchauffement climatique. Et oui, le réchauffement climatique et la multiplication des tempêtes et inondations rend l’écosystème plus sensible aux désastres naturels. Cela peut paraître étrange, mais en fait c’est plutôt logique. Par exemple, lorsqu’un sol est fragilisé par la multiplication des alternances entre sécheresse et inondations, la détérioration du couvert végétal, le sol devient plus mobile, et à terme plus sensible aux mouvements sismiques. Les séismes et les glissements de terrain se déclenchent donc plus facilement. Or plus de séismes veut aussi dire une probabilité plus forte de tsunamis ou d’éruptions volcaniques.

3 – L’échec de la lutte contre le réchauffement climatique

Troisième de la liste vient la lutte contre le réchauffement climatique. On le sait, le réchauffement climatique est un enjeu majeur pour la société de demain et lutter concrètement contre le réchauffement climatique devrait être une priorité de tous les Etats du monde. Cependant, les mesures tardent à se mettre en place pour lutter vraiment contre les conséquences du réchauffement climatique. En fait, partout dans le monde, tout continue comme si de rien n’était : les consommations énergétiques et les consommations de biens continuent à augmenter, de ce fait les émissions de CO2 sont en hausse et ne baissent jamais vraiment malgré la transition énergétique (limitée) vers les énergies renouvelables et les économies d’énergie.

Si l’on ne fait rien, le réchauffement climatique aura des conséquences directes et concrètes sur nos vies : plus d’évènements météo extrêmes, baisse des rendements agricoles (donc de la nourriture disponible), disparition de la biodiversité (donc de la résilience des écosystèmes). En clair : le risque est gigantesque et pour l’instant, rien n’est véritablement fait pour l’éviter, pas même la taxe carbone qui pourtant est depuis des années en réflexion partout dans le monde.

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4 – La crise de l’eau

La crise de l’eau, c’est aussi une conséquence de la crise climatique. L’augmentation des températures, la sécheresse, la perturbation du cycle des pluies et de la capacité du sol à retenir les eaux : tout cela crée les conditions d’un déficit durable en eau dans de nombreuses régions du monde. Même en Europe, les conséquences commencent à se faire sentir, alors que la région est en théorie assez bien pourvue en eau. Dans certaines régions plus arides, les conséquences sont encore plus graves et menacent déjà la productivité agricole.

Au total, les chercheurs estiment qu’un quart de la planète est en voie de désertification à cause du réchauffement climatique. La crise de l’eau pourrait donc bien être la raison du déclenchement des prochains conflits inter-étatiques, notamment dans les zones en grave tension sur la ressource.

5 – Les cyberattaques

Dans un monde extrêmement dépendant d’internet, la crainte des cyberattaques se fait de plus en plus forte. Les entreprises, mais aussi les gouvernements et même le système bancaire et financier dépendent aujourd’hui d’internet pour leurs opérations quotidiennes mais aussi pour la gestion de données sensibles. Toute notre vie ou presque (notamment dans les pays de l’OCDE) dépend de plus en plus d’internet. Il y a donc un risque si une ou plusieurs cyberattaques parviennent à ébranler ce système.

6 – La crise alimentaire

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Encore une conséquence du réchauffement climatique et des problèmes environnementaux : la crise alimentaire. En effet, sous la pression d’un climat de plus en plus changeant et de phénomènes météo de plus en plus destructeurs, les agriculteurs ont de plus en plus de mal à maintenir leurs rendements. En France, la productivité agricole a commencé à baisser à cause de la baisse de la qualité organique des sols (notamment à cause de la surutilisation du labour et de la monoculture), mais c’est aussi le cas dans de nombreux pays du monde à cause des changements environnementaux, et de l’augmentation du prix du pétrole. Le réchauffement climatique, lui aussi, menace les grandes cultures alimentaires, notamment les céréales.

De ce fait, de plus en plus de régions sont soumises à des pénuries de nourriture et des famines. Et dans les pays « développés », le problème devient aussi visible à travers l’augmentation progressive des prix. Pour l’éviter ? Les experts préconisent de faire la transition progressive mais rapide vers l’agro-écologie ou la permaculture, et globalement de réformer l’agriculture industrielle.

7 – La disparition de la biodiversité

La disparition de la biodiversité a de nombreuses conséquences pour nos sociétés : diminution de la résilience des écosystèmes, de la productivité agricole, de la stabilité environnementale… Plus la biodiversité est fragile plus nos sociétés sont fragiles.

Cependant, l’agriculture intensive, le recours aux énergies fossiles et la pollution, ainsi que l’exploitation des ressources et des habitats naturels la fragilisent : les scientifiques parlent même désormais d’une 6ème extinction de masse en cours.

8 – La crise migratoire

La crise migratoire est un peu le reflet de tous les risques qui pèsent sur les sociétés mondiales. Dans des pays qui font face au risque climatique et environnemental, à la guerre, aux conflits politiques et à la crise économique, les individus décident souvent de tenter leur chance à l’étranger. De fait, des millions de personnes sont chaque année déplacées, entre et au sein des Etats. Cette crise migratoire pose évidemment des problèmes sociaux et économiques, et la prise en charge de cette question par les Etats d’accueil est presque toujours inefficace. Le grand défi des années à venir sera donc certainement de parvenir à gérer cette crise, d’accueillir ces flux de réfugiés (qu’ils soient climatiques, économiques ou politiques) sans que cela mette en cause les stabilités sociales.

9 – Les catastrophes environnementales d’origine humaine

Marées noires, catastrophes nucléaires, accident industriel, accident de fracturation hydraulique ou encore pollution de l’air sont autant de risques possibles identifiés par le WEF. En plus de mettre en péril les infrastructures et des vies humaines, ces accidents se révèlent souvent catastrophiques sur le plan environnemental, aggravant encore le risque pour la biodiversité, le climat et les écosystèmes en général.

Par exemple, les conséquences de la pollution de l’air se font déjà sentir en termes sanitaires et écologiques. C’est aussi le cas de la pollution des océans (acidification des océans, pollution plastiques), comme en témoigne l’immense marée noire en cours en mer de Chine.

10 – Les conflits inter-étatiques

Enfin, dernière menace de ce top 10 : les conflits inter-étatiques. Malgré les tensions apparentes entre certains Etats actuellement, ce phénomène n’est classé que 10ème. Il semble moins probable et moins intense en termes d’impact que la perte de la biodiversité par exemple. Néanmoins, ce risque existe, aggravé justement par toutes les tensions précédemment citées. Des conflits entre Etats sont donc envisageables : certains pensent notamment à des tensions entre la Russie et certains pays frontaliers (la Suède par exemple, mais aussi d’autres Etats d’Europe de l’Est autour des tensions en Ukraine), ou encore entre certains Etat du Moyen-Orient, particulièrement dans la zone de tension qui entoure l’Iran. Les tensions avec la Corée du Nord pourraient aussi être exacerbées.

Au final, sur les 10 risques qui pèsent sur le monde cette année, 7 sont directement liés à des problèmes environnementaux et écologiques. Et 2 sont indirectement liés à ces questions environnementales (la crise migratoire d’un côté, et les conflits inter-étatiques de l’autre). Cela tend à prouver qu’aujourd’hui, c’est bien notre incapacité à préserver notre environnement qui met le plus en péril nos sociétés. D’où l’importance, aujourd’hui plus que jamais, de se mettre rapidement à respecter les principes de l’écologie et le développement durable, et de développer enfin une société basée sur la résilience.