L’économie circulaire est un concept générique qui peut s’appliquer à chacune des activités de production. Basée à Nantes, l’agence Fatalzi a imaginé une agriculture qui s’inscrit dans l’économie circulaire à l’échelle d’une ville et de sa région, pour développer les circuits courts et consommer local. Résultat de leur réflexion, le projet Ekovores illustre à quoi pourrait ressembler l’agriculture de demain.

Une agriculture au coeur d’une économie circulaire

Avant de rentrer dans le coeur du projet, il peut être utile de redéfinir ce qu’est l’économie circulaire. Selon la fondation Mc Arthur « L’économie circulaire est un terme générique pour une économie industrielle qui est à dessein réparateur et dans laquelle les flux de matériaux sont de deux sortes : les matériaux biologiques, susceptibles de réintégrer la biosphère, et les matériaux techniques, destinés à être revalorisés sans entrer dans la biosphère. »

Le projet Ekovores décline ce concept à l’agriculture sur le modèle d’une boucle fermée à échelle locale. Il se décompose en trois étapes imbriquées les unes dans les autres.

Consommer local par une production locale

La boucle commence avec l’étape de production. Situées dans la ceinture verte d’une ville, des fermes de différents types (culture maraichère, élevage, vinicole, fruitière, céréalière) sont regroupées pour échanger entre elles. La complémentarité des différentes cultures permet des échanges bénéfiques à tous. Par exemple, La ferme d’élevage produit du fumier qui servira à amender les champs d’une ferme céréalière. Inversement, la ferme céréalière qui produit de la paille pourra vendre sa récolte directement à une ferme d’élevage.

Cette organisation circulaire des échanges permet d’augmenter la résilience et l’autonomie des fermes, notamment en réduisant la dépendance aux intrants pétroliers (pesticides, engrais, …).

Les exploitations agricoles sont complétées par des unités de production urbaine (jardins partagés, poulaillers, …). L’objectif est ainsi de favoriser les bonnes pratiques et l’émergence de communautés, plus que de compléter la production alimentaire.

Développer les circuits courts par une distribution en vente directe

Une fois le produit créé et transformé dans le cas des viandes, il faut l’apporter dans l’assiette du consommateur. Puisque les fermes sont proches de la ville, des intermédiaires inutiles sont éliminés. Les aliments sont distribués en circuits courts, au travers de marchés de quartier, AMAP ou d’épiceries solidaires.

Ce réseau de distribution direct est avantageux pour tous :

  • Le revenu des agriculteurs augmente car il capte une plus grande partie de la marge
  • La fraicheur des produits est garantie par les courtes distances de transport
  • Le prix des aliments reste abordable car moins d’acteurs se répartissent la marge

Réutiliser tous les déchets pour éviter le gaspillage

La réutilisation des déchets est une étape clé qui permet de refermer la boucle.

On peut distinguer deux principaux types de déchets à recycler :

  • Les déchets de matériaux
  • Les déchets organiques

Les déchets de matériaux (bouteilles, cartons, papiers, emballages, …) sont triés par les mangeurs et expédiés par les collectivités dans des usines de valorisation. Ces dernières recyclent les matériaux en emballages qui sont réutilisés dans les unités de transformation des viandes.

Les déchets organiques (restes d’assiettes, déchets issus de la préparation, excréments) sont biodégradables. Grâce à des systèmes de compost, de récupération d’eau et des broyeurs, ils sont transformés en fertilisants naturels qui seront utilisés dans les jardins partagés, les espaces verts et les exploitations agricoles.

Des agriculteurs responsables pour des consommateurs solidaires

Pour que le modèle fonctionne, agriculteurs et consommateurs ont des devoirs à respecter les uns envers les autres.

D’un côté, les agriculteurs doivent respecter un cahier des charges rigoureux défini avec les consommateurs pour garantir la qualité des aliments. En échange, les consommateurs s’engagent à acheter leur récolte pendant 6 mois. L’agriculteur y gagne un revenu stable.

De l’autre, les consommateurs doivent modifier leur comportements et certaines pratiques qui peuvent parfois se révéler contraignantes Par exemple, aller chercher ses légumes régulièrement, acheter des produits en fonction des saisons, ou assurer des permanences.

« Cela crée de fait sur le territoire des complicités, des bonnes ententes », confirme Victor Massip, l’un des fondateurs de l’agence Faltazi, « l’agriculteur a besoin de consommateurs intelligents […] et les mangeurs veulent des producteurs intelligents »

Une des solutions au problème agricole français

Bien entendu, le projet Ekovores n’est pas une solution miracle. Il n’a pas la prétention de s’appliquer à l’ensemble de la production agricole française. D’ailleurs, à part quelques réalisations concrètes, le projet en reste aujourd’hui au stade théorique.

Le principal objectif est de sensibiliser les élus, les populations et les agriculteurs. « Les choses ne se font pas si personne ne les soutient », comme l’explique Laurent Lebot, le second fondateur de l’agence Faltazi, « Pour que les projets voient le jour, il faut qu’ils soient appuyés par un besoin que la population identifie. ».

 

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