Si l’empreinte eau devient une préoccupation de plus en plus forte pour les entreprises en transition vers la durabilité, de nombreux défis sont encore à relever dans ce domaine, selon la dernière étude Ecolab-Greenbiz sur le sujet. Explications.

Avec le réchauffement climatique, on parle en permanence de l’empreinte carbone. Le CO2 est au coeur de toutes les démarches de développement durable des entreprises et le bilan carbone est désormais l’un des indicateurs les plus largement adoptés dans les stratégies RSE. Le problème, c’est qu’à force de faire le focus sur le carbone, on a parfois tendance à oublier d’autres indicateurs importants, comme la biodiversité, l’empreinte sur les sols, mais aussi l’empreinte eau.

Pour de nombreuses entreprises, l’eau est une ressource stratégique, et partout dans le monde c’est un élément fondamental de la durabilité des communautés. Il y a donc un véritable enjeu pour les entreprises à se préoccuper de cette question, d’autant qu’en France, la pollution des eaux est en deuxième position des préoccupations environnementales des Français. Les entreprises s’attachant dès aujourd’hui à calculer leur empreinte eau et à mettre en place une stratégie intégrée de gestion de leurs impacts sur l’eau seront donc demain des entreprises en avance à la fois en termes d’image et de gestion des risques. C’est ce sujet qu’a voulu étudier la nouvelle étude Ecolab-Greenbiz en examinant la façon dont les entreprises prennent en charge cette question et les enjeux auxquels elles font face. Décryptage.

L’empreinte eau au coeur des questionnements dans de plus en plus d’entreprises

Premier constat de l’étude : la gestion de l’eau est une préoccupation de plus en plus forte sur la planète. D’après les projections de l’Organisation des Nations Unies, 40% de la planète pourrait faire face à des déficits en eau douce d’ici 2030. Et c’est un enjeu qui doit préoccuper les entreprises qui sont aujourd’hui parmi les plus gros consommateurs mondiaux d’eau douce : 40% de l’eau utilisée dans les pays développés est consommée par les entreprises.

Mais les entreprises prennent-elles en compte ce risque ? Si l’on en croit l’étude Ecolab-Greenbiz menée en février 2019, auprès de 86 grandes entreprises mondiales : oui. 74% des entreprises interrogées déclarent considérer l’eau comme une priorité de plus en plus forte. 59% sont conscientes qu’il s’agit d’un risque business important et de plus en plus fort. 88% des entreprises interrogées disent aussi qu’elles mettront en place des mesures actives pour mesurer et gérer leurs impacts sur l’eau dans les 3 prochaines années.

Pourtant, quand il s’agit de passer concrètement à l’action, les choses se compliquent. Près de la moitié des entreprises admettent n’avoir aucun plan d’action concret pour atteindre leurs objectifs de réduction de leur empreinte eau. Moins d’une sur deux déclare utiliser les technologies de monitoring précises pour évaluer leurs consommations d’eau ou leurs économies d’eau. En 2017, le même sondage montrait que 82% des entreprises disaient manquer d’outils pour parvenir à leurs objectifs liés à l’eau.

Sensibiliser et engager ses parties prenantes : l’enjeu numéro 1 de l’empreinte eau

Selon l’étude, ce décalage vient de l’incapacité des entreprises à mobiliser leurs parties prenantes sur le sujet. Ainsi, de nombreuses entreprises décident d’objectifs chiffrés pour la réduction de leurs consommations d’eau, mais elles échouent à les atteindre à cause de la difficulté à engager les collaborateurs sur le terrain, à leur expliquer l’intérêt et les méthodes pour y parvenir. Près de 40% des entreprises estiment avoir du mal à engager, mobiliser et sensibiliser leurs managers opérationnels sur le terrain une fois les objectifs fixés. Et c’est un vrai problème car c’est là, sur le terrain, que se réalisent les économies décidées par les équipes RSE ou développement durable.

Au-delà de la définition d’objectifs et de cibles pour l’empreinte eau, il y a donc un vrai travail à mener pour engager les parties-prenantes. Mettre en place des sessions de formation, de sensibilisation pour les managers et pour les salariés afin de les embarquer dans la démarche est une étape fondamentale. Mais il ne faut pas non plus négliger les parties-prenantes externes et notamment les clients et consommateurs. En effet, ce sont eux qui sont la cible principale des offres et ce sont donc eux qui peuvent pousser au développement de produits et d’offres plus économes en eau. Un marketing responsable, positif, pensé pour l’activation des consommateurs est donc une étape indispensable pour donner du corps aux réflexions des entreprises sur l’empreinte eau. C’est notamment fondamental pour les entreprises qui offrent des biens de grande consommation, pour lesquelles évangéliser le consommateur fait partie des priorités incontournables.

En résumé : les réflexions sur l’impact et l’empreinte eau des entreprises se développent, et c’est tant mieux. Mais ces efforts risquent de ne pas porter leurs fruits tant qu’elles n’auront pas réussi à engager et convertir leurs parties-prenantes dans cet effort.